John Stanmeyer remporte la photographie de l’année 2013 du World Press Photo Contest

Le jury international du 57ème concours annuel World Press Photo Contest a élu une image du photographe américain John Stanmeyer de l’Agence Photo VII comme World Press Photo de l’année 2013. La photo montre les migrants africains sur la rive de Djibouti dans la nuit, élevant leurs téléphones portables pour tenter de capturer le signal GSM peu coûteux de la Somalie voisine — un lien ténu avec les membres de leurs familles à l’étranger. Djibouti est un point d’arrêt commun des migrants en transit de pays comme la Somalie, l’Éthiopie et l’Érythrée, qui cherchent une vie meilleure en Europe et au Moyen-Orient. L’image aussi a remporté le 1er prix dans la catégorie de questions contemporaines et a été photographiée pour le magazine National Geographic.

World Press Photo of the year 2013
World Press Photo of the year 2013 © John Stanmeyer

Le jury a donné des prix en neuf catégories thématiques à 53 photographes de 25 nationalités: Argentine, Australie, Azerbaïdjan, Bangladesh, Bulgarie, Chine, République tchèque, El Salvador, Finlande, France, Allemagne, Iran, Italie, Jordanie, Mexique, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Pologne, Russie, Serbie, Afrique du Sud, Espagne, Suède, Royaume-Uni et États-Unis.

Commentaires sur le lauréat

Jillian Edelstein, membre du jury de l’Afrique du Sud a dit :

« C’est une photo qui est connectée à tant d’autres histoires, elle ouvre des discussions sur la technologie, la mondialisation, les migrations, la pauvreté, le désespoir, l’aliénation, l’humanité. C’est une image très sophistiquée, puissamment nuancée. Elle est réalisée avec tant de subtilité et de poésie tout en étant pleine de sens, et en évoquant des questions graves et l’inquiétude dans le monde d’aujourd’hui. »

Susan Linfield, membre du jury des USA a dit :

« Ce que nous recherchons dans l’image gagnante est la même qualité que vous cherchez dans un grand film ou dans la littérature — l’impression qu’elle existe sur plusieurs niveaux, qu’elle vous fait penser à des choses auxquelles vous n’avez jamais pensé. Vous commencez à explorer les niveaux non seulement de ce qui est là, mais de ce qui n’est pas là. Tant d’images de migrants ne les montrent que débraillés et pathétiques… mais cette photo est moins romantique que digne. »

La sélection a été effectuée au bureau du World Press Photo à Amsterdam. Toutes les entrées ont été présentées anonymement au jury, qui a discuté de leurs mérites sur une période de deux semaines. Le jury fonctionne de façon autonome et un secrétaire sans droit de vote garantit l’équité de la procédure. Le concours a attiré les entrées de photographes de presse professionnelle, de photojournalistes et de photographes documentaires à travers le monde. 98 671 images avaient été soumises par 5 754 photographes de 132 pays.

Entretien avec le photographe

John Stanmeyer a pris le temps de répondre à nos questions :

Genèse de la photographie

L’image fait partie d’un grand projet, pour le National Geographic qui retrace la migration de l’homme hors de l’Afrique il y a 60 000 ans.
Le reporter Paul Salopek et moi avons voyagé pendant deux mois de l’Éthiopie à Djibouti. Plus tard nous nous sommes rendus en Arabie Saoudite (le reportage sera publié en juillet) et récemment en Jordanie et en Israël (le reportage sera publié en décembre).

Comment êtes-vous tombé sur le sujet

Je marchais la nuit le long de la place de la Ville de Djibouti qui donne sur la Mer Rouge quand je suis tombé sur ce groupe de gens avec leurs téléphones en l’air. Intrigué, j’ai demandé à mon ami traducteur ce qu’ils faisaient. Il me répondit que c’étaient des Somaliens qui essayaient d’attraper le signal GSM d’un réseau somalien distant de 30-40 kilomètres pour pouvoir correspondre avec leurs êtres chers. J’ai immédiatement pris le poids et la mesure de ce qui arrivait – la migration actuelle dans l’espoir d’une vie meilleure, et notre désir naturel de rester liés avec nos familles.

Combien de photographies avez-vous envoyées aux World Press Photo Contest ?

J’ai envoyé seulement deux articles. L’un sur le projet général « Out of Eden » (dont l’image primée est tirée) et l’autre juste sur la migration. En fait, j’ai participé au concours World Press Photo pour le National Geographic, car ce reportage est très important.

Avez-vous retouché l’image ?

Juste un léger éclaircissement. Je ne retouche pratiquement pas mes photographies.

Quelle valeur accordez-vous à ce prix ?

Je suis simplement honoré et reconnaissant. Cependant, le prix n’est pas sur moi, mais à propos des gens dans l’image. Cette photographie nous représente tous.

Quel matériel utilisiez-vous lors de la prise de vues ? Photographiez-vous en JPEG ou en RAW ?

Il me semble que j’utilisais un Canon 5D Mark II avec un 35mm 1.4. Je photographie exclusivement en RAW.

 

John Stanmeyer

John Stanmeyer
© Konstantin Stanmeyer

John Stanmeyer, né dans l’Illinois, est un membre fondateur de l’Agence photo VII.

Il a vécu en l’Extrême-Orient plus de douze ans. Il a photographié presque tous les événements historiques majeurs en Asie durant cette période. Travaillant dans le monde entier, il s’est concentré sur le sort des réfugiés de la guerre civile ougandaise, a passé des mois relatant les effets du tsunami en 2004 et documenté les crises de santé mentale en Asie. Avant de déménager à Hong Kong, en 1996, Stanmeyer a couvert le conflit au Sud Soudan, les changements en Europe après la chute du communisme, et effectué de nombreuses visites à Haïti pour témoigner des tragédies sociales dont souffre la nation. Pendant plus de huit ans, il a documenté la propagation du sida par en Asie.

Travaillant régulièrement pour le magazine National Geographic, il a été sous contrat avec Time Magazine pendant plus de 10 ans et photographié pour de nombreuses autres publications internationales. Stanmeyer a reçu de nombreux honneurs, dont le prestigieux prix Robert Capa, nommé photographe Magazine de l’année, de nombreuses World Press Photo of the Year et la NPPA awards. En 2008, il a reçu le National Magazine Award pour son essai approfondi sur l’épidémie mondiale du paludisme.

Il est récemment retourné aux États-Unis et vit avec sa femme Anastasia et leurs trois enfants dans une ferme du Berkshires à l’ouest du Massachusetts. Il organise régulièrement des ateliers.

En 2013, John a ouvert le Stanmeyer Galerie & Shaker Dam Coffeehouse comme une vitrine pour son travail et sa passion pour le café.

Vous pouvez découvrir son portfolio sur son site web.