Après Twitter, la Turquie bannit les DNS Google

Vendredi 21 mars, le gouvernement turc interdisait Twitter en Turquie. Le Premier ministre Recep Tayyip Erdoğan motivait cette interdiction par la rhétorique antigouvernementale sur Twitter, et lors d’un meeting politique à Bursa, il menaçait d’éradiquer l’entreprise américaine.

En fait des informations sur un scandale de corruption au gouvernement circulaient sur le réseau social. Notamment, des photos et des appels téléphoniques qui prouveraient les allégations.

Recep Tayyip Erdoğan
Recep Tayyip Erdoğan

Son but immédiat étant de gagner les élections qui auront lieu le 30 mars 2014, Erdoğan a fait fi des inquiétudes européennes, officiellement communiquées par Štefan Füle, le commissionnaire pour l’agrandissement de l’UE, et bloqué Twitter. Notons que son gouvernement censure déjà largement les médias traditionnels.

Le président de la Turquie, Abdullah Gül, aurait été contre l’interdiction et l’a fait savoir sur Twitter, affirmant qu’elle est illégale et techniquement impossible à appliquer. Il a parlé à la presse dimanche, avant de s’envoler pour la Hague, afin de participer au sommet 2014 de la sécurité nucléaire.

Certains doutent néanmoins de ses intentions, car il a signé en janvier la loi 5651 sur les cybercrimes, parrainée par le gouvernement, et qui a permis cette interdiction. Ils pensent qu’il joue la routine du « bon flic et du méchant flic » avec le Premier ministre.

Le prix nobel 2006 de littérature, Orhan Pamuk, a critiqué comme beaucoup d’autres ces interdictions. « L’interdiction est une action prise contre la liberté d’expression et les droits les plus fondamentaux. »

 

Les Turcs n’ont pas tardé à circonvenir l’interdiction de Twitter, avec l’aide de Twitter en particulier.

Frustré par cet échec, le gouvernement a bloqué l’accès (gratuit) aux serveurs de noms de domaines (DNS) de Google, qui était utilisé par les Turcs pour circonvenir l’interdiction.

La Turquie s’illustre, car c’est le première fois de l’histoire qu’un pays bloque les DNS Google.

Les DNS sont au cœur d’Internet, et une disruption de leur service à des conséquences beaucoup plus étendues que l’interdiction d’un site. Ce sont de nombreux sites qui ne seront plus accessibles. D’après l’avocat Fehmi Ünsal Özmestik, ce blocage, fruit du TİB, l’organisme de régulation des télécoms de la Turquie, est illégal.

D’autres services de DNS auraient également été bloqués. Ce qui n’empêche pas certains turcs d’accéder à Twitter vie les réseaux virtuels privés (VPN).