Élection controversée de Condoleezza Rice au conseil d’administration de Dropbox

Après avoir obtenu un nouveau financement de 250 millions de dollars (180 millions d’euros), l’entreprise de stockage et de synchronisation de fichiers DropBox vient de lancer son offre professionnelle Dropbox for Business pour tenter de récupérer le terrain perdu sur Box, et Carousel, un service de stockage de photos et de vidéos.

Elle procède à de nombreux changements à sa tête. L’Ancien PDG de Motorola Dennis Woodside devient Directeur opérationnel. Sujay Jaswa devient Directeur financier.

Et Dropbox annonce le 9 avril 2014 la nomination de Condoleezza Rice au conseil d’administration. S firme RiceHadleyGates consultait déjà pour Dropbox. Drew Houston, le PDG écrit:

« Nous sommes fiers d’accueillir Dr. Condoleezza Rice au conseil d’administration. Nous cherchions un leader qui pouvait aider notre développement international. Dr. Rice a eu une carrière distinguée : rectrice de l’université de Stanford, membre du conseil d’administration d’entreprises comme Hewlett Packard et Charles Schwab, et ancienne Secrétaire d’État. Nous sommes honorés d’ajouter quelqu’un d’aussi brillant et talentueux que Dr. Rice à notre équipe. »

« Notre pays débat de la façon dont il faut protéger la vie privée » affirme Dr. Rice.

« J’ai hâte d’aider Dropbox à s’y frayer un chemin. »

Cette élection est controversée et la firme pourrait la regretter.

Depuis plus d’un an, les révélations du dénonciateur Edward Snowden choquent l’opinion régulièrement en documentant les excès de la NSA et du GCHQ britannique.

Or Rice a largement contribué à l’espionnage sans mandat qu’elle défendait sur les chaînes américaines en affirmant que le président Bush avait autorisé  la National Security Agency à collecter des informations sur un nombre limité de personnes liées à Al-Qaida.

On sait depuis que l’espionnage était quasi illimité et que la plupart des personnes écoutées n’étaient en rien liées au groupe terroriste. Le gouvernement américain n’a jamais non plus pu expliquer pourquoi ces écoutes devaient se faire sans mandat.

En 2003, Rice avait aussi autorisé, sur demande présidentielle, la NSA à espionner le Conseil de sécurité des Nations Unies pour savoir comment ils allaient voter sur la résolution qui ouvrait la voie à la guerre en Irak.

Dropbox, qui devait intégrer le programme d’espionnage PRISM de la NSA, avait déjà changé ses conditions d’utilisations pour tenter de rassurer ses clients.

condi_boxLa nomination de Rice a l’effet inverse. Moins de 24 heures après l’annonce, une pétition est déjà lancée pour que Dropbox fasse machine arrière, et elle trouve un large écho sur Twitter (#DropDropbox).

Dropbox est dans une étape critique de son développement. Auparavant dépendante à 100 % d’Amazon Web Services, elle commence à développer ses propres centres de traitements de données pour tenter de diminuer ses coûts. Son offre reste pourtant plus chère que celle de Google, et elle est concurrencée par Google Drive et Microsoft OneDrive. Sur l’offre professionnelle, elle s’est largement fait distancer par Box.

Si les inquiétudes sur Dr. Rice nous semblent exagérées car elle a déjà regretté publiquement, autant que lui permet son devoir de réserve, certaines décisions prises à contrecœur sur ordres présidentiels, sa nomination au conseil d’administration est probablement une erreur de communication.