Les pratiques douteuses d’intimidation d’Amazon contre Hachette

Amazon tente depuis des mois de renégocier ses contrats avec le groupe Hachette, cinquième éditeur de livres au monde, notamment en ce qui concerne les e-books.

Amazon contrôle la moité des ventes de livres aux États-Unis, et probablement un pourcentage similaire en Europe.

Depuis quelques semaines, elle-même une campagne agressive douteuse contre Hachette, qui ressemble fortement à un abus de position dominante, en dissuadant les acheteurs potentiels.

Des livres Hachette qui devraient être disponibles ont désormais des délais de livraison de deux ou trois semaines ;

Les rabais sur les livres Hachettes sont supprimés ou nettement diminués

Une rubrique « produits similaires à prix inférieurs » apparaît régulièrement.

Comme le note David Streitfeld du New York Times :

« Amazon veut le beurre et l’argent du beurre, affirmant à ses clients qu’elle a les livres, tout en les dissuadant de les acheter. » *

Les auteurs commencent à rendre leur mécontentement public.

L’éditeur de best-sellers James Patterson, connu pour son soutien pour les librairies indépendantes, se plaint des pratiques d’Amazon dans un article Facebook intitulé « Lisez quatre des paragraphes les plus importants que je n’écrirai jamais »

 

Jeffrey Deaver note qu’ « Amazon a décidé de tenter d’intimider à la fois l’éditeur, les auteurs et les lecteurs en diminuant significativement les rabais sur mes livres et ceux d’autres auteurs d’Hachette. Tout aussi troublante pour moi est la décision d’Amazon de publier des bandeaux publicitaires sur les pages de présentation de mes livres, pour des romans d’autres auteurs. »

Cela ressemble de près à du Bait and Switch, considéré comme une fraude aux États-Unis.

Les auteurs comme Michael Connelly sont affectées, tout comme les éditions spécialisées comme Yen Press (manga) ou Marvel Comics.

Des commentateurs se sont émus que le Washington Post, qui appartient au PDG d’Amazon Jeff Bezos, n’ait aucunement fait écho à cette querelle.

Le 14 mai, l’ Association of Authors Representatives, la plus grande association d’auteurs d’Amérique du nord, écrivait une lettre à Amazon pour lui demander de cesser ses actions.

« Sans prendre position sur la dispute, nous voulons vous informer avec la plus grande fermeté que l’AAR déplore toute tentative par toute partie visant à causer du tort et à punir les écrivains comme leurs lecteurs pour poursuivre une stratégie lors d’un différend commercial. Nous croyons que de telles actions sont similaires à une prise d’otages pour extorquer des concessions, et sont tout autant indéfendables. »

Sophie Cottrell, la porte-parole de Hachette Book Group (HBG) a confié à Publishers Lunch :

« Nous ne discutons pas habituellement de nos négociations avec les revendeurs. »

« On nous a posé des questions légitimes sur les raisons pour lesquelles nos livres sont indiqués sur Amazon comme en rupture de stock ou avec des dates estimées de livraison de plusieurs semaines, alors qu’ils sont disponibles immédiatement sur d’autres sites et dans de nombreuses librairies.

« Nous répondons aux commandes d’Amazon rapidement et nous l’ informons constamment de toute action publicitaire ou de toute rupture de stock. Amazon garde des niveaux minimums de stock et se réapprovisionne auprès de HGB lentement, causant ces délais de livraison de 2-4 semaines, pour des raisons qui leur sont propres»

 

* Toutes les traductions: Le Diligent