Vodafone confirme l’existence d’accès direct de services d’espionnage

Les demandes de renseignement

Vodafone vient de publier son premier rapport de transparence, qui couvre les 29 pays dans lesquels l’entreprise anglo-saxonne opère.

Pour au moins dix pays, Vodafone serait le premier fournisseur de téléphonie mobile à publier de telles informations.

Malgré les 89 pages d’annexes, le rapport est largement incomplet. Car dans certains pays, il est interdit de communiquer sur les actions du gouvernement, ni même du nombre de requêtes  légales envoyées, sous peine de représailles contre ses installations, ses employés et la perte de sa licence. Notamment, l’Albanie, l’Égypte, la Hongrie, l’Inde, Malte, le Qatar, la Roumanie, l’Afrique du Sud et la Turquie.

Dans de nombreux pays, on ne sait si l’on peut parler encore de renseignement ou de surveillance de masse.

L’Italie a ainsi envoyé 605 601 demandes sur les appels, soit en moyenne plus d’une demande par cent habitants. Elle est suivie de la Tanzanie avec 98 765 requêtes et la Hongrie avec 75 938 requêtes.

 

Les limites du rapport

Vodafone met en garde sur la comparaison des chiffres entre nations :

« Nous avons décidé de créer un rapport unique de divulgations portant dans 29 pays sur une base cohérente. Cependant, après des mois d’analyse détaillée, il est devenu évident qu’il existe, en fait, très peu de cohérence et d’uniformité dans les lois, les autorités et leurs pratiques, , même entre les États membres de l’UE. Il y a aussi des vues très divergentes entre les gouvernements sur la meilleure façon de réponse aux demandes de la population pour une plus grande transparence, et les attitudes du public en réponse aux allégations de surveillance de leur gouvernement peuvent aussi varier grandement d’un pays à l’autre. »

Vodafone plaide pour que les gouvernements divulguent eux-mêmes ces informations, ce qui éviterait les inconsistances entre les rapports des divers opérateurs qui utilisent chacun des méthodologies et des définitions différentes.

De plus, dans les pays où les lois sur la divulgation ne sont pas claires, certains opérateurs préféreront ne rien rapporter.

Dans chaque pays où elle opère, quelques employés de Vodafone sont accrédités pour assurer la liaison avec les agences et les autorités. Or ils n’ont même pas le droit d’en discuter avec leurs propres managers.

Dans certains pays, ils ne peuvent même pas révéler quel type d’assistance technique Vodafone a dû mettre au service des autorités.

 

Accès direct

On lit plus loin :

« Les réseaux de Vodafone sont conçus et configurés pour s’assurer que les autorités et les agences ne peuvent accéder à des communications que dans la limite de leur pays. Ils ne peuvent accéder à d’autres réseaux de Vodafone dans des pays tiers. »

On sait néanmoins par des rapports divulgués, en 2013, par Edward Snowden, que la NSA et le GCHQ piratent les câbles de transmission, notamment mais pas exclusivement les câbles sous-marins.

Pire encore, Vodafone admet que certains pays ont un accès direct à ses installations, et raccordent directement leurs propres câbles, pouvant intercepter ou manipuler tout appel.

Ce qui permet une surveillance de masse et un espionnage en toute impunité, sans demande de la justice, et à la merci des abus administratifs, de l’incompétence, et du piratage par des tiers (autres agences de renseignements, pirates, crime organisé) de ces câbles administratifs.

De plus, Vodafone ne peut prendre connaissance de ces accès.

Difficile d’envisager pire. Malheureusement, Vodafone ne peut pas énoncer ces pays, car les représailles seraient immédiates.

Le directeur responsable de la vie privée, Stephen Deadman, confirme :

« Ces câbles existent. L’accès direct existe. Nous appelons les gouvernements qui veulent des renseignements sur les appels à cesser d’utiliser l’accès direct. Sans manda,t il ne peut y avoir de visibilité externe. Si nous recevons une demande, nous pouvons tenter de la combattre devant la justice. Le fait qu’un gouvernement doit présenter un document est une contrainte importante dans l’utilisation de ses pouvoirs. »

Vodafone demande que ces câbles soient déconnectés, et que les lois qui les rendent légaux soient amendées.

Elle appelle les autres opérateurs téléphoniques à eux aussi reconnaître publiquement l’existence de cet accès direct.

 

 

 

Carte interactive des câbles sous-maris (C) TeleGeography