Berlin expulse le représentant de la CIA

Merkel écoutée par la NSA

Les révélations du dénonciateur américain Edward Snowden, publiées en octobre 2013 suggéraient que les téléphones mobiles de 35 chefs d’États étaient mis sur écoute par les espions américains de la NSA.

Y compris ceux des alliés des États-Unis. Y compris celui de la Chancelière, dont le numéro de téléphone était sur la liste d’écoute depuis 2002. Et qu’Obama le démocrate n’a pas jugé bon de retirer de la liste quand il devint président.

Ce qui a profondément choqué la Chancelière, et tous les Allemands, qui attendaient un autre comportement d’un pays « allié ».

 

Premier espion

La semaine dernière, un employé des services secrets allemands, le Bundesnachrichtendienst (BND), était pris en flagrant délit de vente d’informations confidentielles à la CIA.

Cet employé de 31 ans, travaillait à Munich, avait volé 200 documents. Il travaillait avec la CIA depuis 2012, et a reçu des paiements de plusieurs dizaines de milliers d’euros.

L’argent n’aurait pas été le moteur de sa trahison, il serait motivé par la volonté de revanche.

Le 28 mai, il proposait ses services d’agent double au consulat russe, et envoyait 3 documents du BND par courriel pour prouver son sérieux.

Les services de la sécurité interne de la BND ont découvert de quel département émanaient les documents. Puis ils ont regroupé cette information avec les présences des employés de ce département à l’heure d’envoi du courriel.

Et ils ont constaté qu’un seul employé était en vacances à ce moment-là.

Ce dernier est fortement handicapé de la parole et de la motricité depuis son enfance et considéré comme relativement inoffensif, tout en ayant de fortes compétences techniques.

Après son arrestation et la fouille de son appartement, les services ont retrouvé 218 documents volés, de confidentiel à secret défense, envoyés à la CIA.

La BND s’est alors aperçue qu’il travaillait pour les services secrets américains. La dernière demande de la CIA concernait les documents de la commission d’enquêtes sur la NSA.

Six jours après, John Brennan, le chef de la CIA, confirmait à la chancellerie qu’il y avait eu des contacts avec l’espion.

 

Deuxième espion

À Berlin, un deuxième espion présumé, travaillait également pour les États-Unis, était arrêté mercredi, et sa maison et son bureau fouillés et des preuves saisies.

Il travaille pour le ministère de la défense, et la chancellerie prend son cas très au sérieux.

Il a été découvert par l’Amt für den Militärischen Abschirmdienst (MAD), le service de contre-espionnage militaire, le plus petit service de renseignements allemand.

 

Obama pas au courant

D’après le New York Times, Obama a été surpris d’entendre parler du premier espion.

Le 3 juillet, alors qu’il avait une conversation téléphonique avec la Chancelière, il ne savait toujours pas qu’un agent de la BND avait été arrêté 24 heures avant. Ni qu’on lui reprochait de passer des documents à la CIA.

On peut se demander quand la CIA daigne informer le président de ses actions, et à quel étage l’information a été bloquée ? Le directeur de la CIA John Brennan est-il responsable ?

Ni la Maison Blanche, ni la CIA n’ont voulu commenter.

 

Le torchon brûle

La Chancelière et les responsables politiques allemands ont vivement critiqué l’espionnage des alliés de l’Amérique. La Chancelière a affirmé qu’il y avait trop de dangers dans le reste du monde pour perdre du temps à espionner ses amis. Qu’il fallait arrêter d’utiliser tous les moyens techniques à disposition, car c’est l’arbre qui cache la forêt.

Aujourd’hui, la Chancellerie a pris une décision. Le responsable de la CIA en Allemagne est expulsé.

Cette décision  est publiée dans le contexte des enquêtes en cours du Procureur général et de l’enquête parlementaire sur les actions des services secrets américains en Allemagne de ces derniers mois.

Pour la sécurité ses citoyens et celle de ses forces déployées à l’étranger, il est de l’intérêt de l’Allemagne de mener des coopérations étroites et confiantes avec ses partenaires occidentaux, en particulier avec les États-Unis.

Mais la franchise et la confiance mutuelle sont nécessaires.

Le gouvernement fédéral est plus disposé que jamais à poursuivre la coopération, et en attend autant de ses partenaires les plus proches.