Twitter se diversifie avec Fabric

Le réseau social de microblogging Twitter se diversifie.

À l’occasion de sa conférence développeurs Flight, la première depuis quatre ans, qui s’est tenue mercredi 22 octobre 2014 à San Francisco, Californie, Twitter a présenté Fabric.

Fabric est un SDK (kit de développement logiciel) et un ensemble de services gratuits pour les développeurs d’applications mobile iOS et Android.

Contenu

Il se compose de quatre parties :

Twitter Kit

Ce kit permet aux développeurs d’intégrer les tweets directement dans leurs applications, et aux utilisateurs de ces applications de rédiger et d’envoyer des tweets directement dans l’application, et enfin de se connecter facilement à Twitter.

MoPub Kit

MoPub Kit permet au développeur d’augmenter ses revenus en intégrant facilement de la publicité, en choisissant la publicité la mieux rémunérée parmi plusieurs réseaux de publicités. La plupart des formats sont supportés, y compris les bannières, les interstitiels, les publicités vidéo et les publicités natives.

Crashlytics Kit

Avec ce kit, l’exécution des applications sur les appareils mobiles est surveillée et le développeur à accès aux statistiques de plantages, tout comme la ligne de code à laquelle l’application se plante. Ce qui permet de détecter les bogues plus facilement, et de les corriger au plus vite. Une nouvelle fonctionnalité permet aux utilisateurs de partager leurs impressions sur l’application.

Digits

Digits est un nouveau service d’identification qui s’appuie sur les numéros de téléphone. Il est notamment idéal pour les pays en développement où de nombreux clients potentiels n’ont pas de compte de courriel. Avec Digit, l’identité est vérifiée par un code envoyé par SMS. L’utilisateur ne doit donc pas se soucier de retenir un nom d’utilisateur ou un mot de passe.

Digit est gratuit pour les développeurs comme pour les utilisateurs : Twitter prend à sa charge les coûts d’envois des SMS. Digits est lancé dans 218 pays en 28 langues.

Fabric est disponible dès maintenant pour les participants à la conférence Flight, dans les prochaines semaines pour les clients de Crashlytics et MoPub, et plus tard pour l’ensemble des développeurs.

 

 

Un concept ambitieux

Certains observateurs pensent que Fabric amorce un changement de cap majeur pour Twitter, et le compare avec Google achetant YouTube et se lançant dans d’autres activités pour ne pas dépendre uniquement des revenus du moteur de recherche éponyme. Cette comparaison n’est pas forcément flatteuse, dans la mesure où 89 % des revenus de Google sont issus de son moteur de recherche.

Fabric laisse une impression mitigée.

Il s’agit d’abord d’un patchwork de services issus d’entreprises rachetées par Twitter (MoPub, Crashlytics) sans réelle ligne directrice pour le développeur. Twitter a toutefois opté pour un modèle sans contrainte : le développeur n’est pas obligé de se servir de tous les kits, il choisit celui ou ceux qui l’intéressent.

Twitter Kit vise clairement à promouvoir le cœur de métier de Twitter, les tweets, c’est donc un kit potentiellement plus intéressant pour Twitter que pour les développeurs d’applications.

Si MoPub Kit permet aux développeurs d’augmenter les revenus avec la publicité, de nombreuses offres concurrentes de Facebook (Fan), Microsoft (Adcenter), Apple (iAd), Google (AdMob) et bien d’autres.

Les deux autres kits, à l’inverse, auront une valeur ajoutée certaine pour nombre de développeurs. Tout éditeur se doit d’utiliser un service d’analyse des applications pour corriger les bogues. Et avec Digits, les éditeurs peuvent réaliser des économies substantielles, car les SMS de vérification coûtent cher. Autant externaliser à un service gratuit comme Digit.

Pour Twitter, Fabric est un produit stratégique, qui peut augmenter son chiffre d’affaires directement avec Twitter Kit et MoPub Kit, et qui peut s’immiscer dans le développement de très nombreuses applications avec des services à haute valeur ajoutée comme Crashlytics et Digits. Une fois l’attention des développeurs acquis, l’entreprise se positionne pour de futurs revenus avec des services complémentaires.

A priori, Fabric est séduisant pour les éditeurs d’application, avec deux risques. D’une part, de devenir dépendants de services gratuits qui pourraient devenir payants demain. D’autre part, d’être à la merci de changements arbitraires et soudains des conditions d’utilisation par Twitter. Une hypothèse loin d’être théorique : en 2012, Twitter changeait ses conditions d’utilisation, interdisant essentiellement les applications de tweets, souvent meilleures que l’application officielle, annihilant bien souvent leur source principale de revenus.