Adieu Dr. Dobb’s

En 1975, le premier micro-ordinateur, Altair, était lancé par MITS.

L’éditeur Bob Albrecht, convaincu de l’importance de cette invention, réussissait à convaincre son ami Dennis Allison, professeur à Standford University, d’écrire Tiny BASIC, un logiciel de programmation libre afin que le plus grand nombre puisse apprendre à programmer.

Le code source fut publié dans un nouveau journal, créé pour l’occasion, Dr Dobb’s Journal of Computer Calisthenics & Orthodontia.

Ce mensuel est rapidement devenu la référence mondiale pour la programmation informatique, s’adressant de plus en plus à un public professionnel. Il abordait de très nombreux sujets, des graphismes 3d à la cryptographie, des systèmes embarqués aux algorithmes de compression, de façon très pointue. Ses contributeurs sont toujours considérés aujourd’hui comme des sommités dans leur domaine : Michael Abrash pour le graphisme (aujourd’hui Chief Scientist d’Oculus), Bruce Schneier pour la cryptographie (aujourd’hui CTO de Co3 Systems), Herb Sutter pour le C++ (aujourd’hui chez Microsoft et président du comité ISO C++) pour n’en citer que trois.

Dr. Dobb’s est aussi à l’origine de deux prix cultes : les Jolt Awards, qui récompensent les entreprises développant des outils pour les programmeurs, et Dr. Dobb’s Excellence in Programming Award, qui récompense les personnes ayant contribué à l’avance du développement logiciel.

En 1982 la publicité faisait son apparition. En 2009, le journal n’était plus imprimé. Il devenait une section d’InformationWeek et avait son propre site.

Aujourd’hui, alors que le site compte plus de dix millions de pages vues par an, en progression annuelle de 10 %, son éditeur en chef, Andrew Binstock, annonce la fermeture de Dr. Dobb’s à la fin de l’année.

En cause, la baisse continue des revenus publicitaires, divisés par trois depuis la création du site, et qui affecte une grande partie de la presse. Le site Web restera disponible, mais ne sera plus actualisé.

On regrettera la qualité inégalée d’articles de haut niveau, le code source exploitable pour apprendre ou pour intégrer à des projets, des contributeurs mythiques pleins d’humour comme Al Stevens et ses longues séries d’articles comme D Flat, souvent irrévérencieux comme Verity Stob, et qui refusaient la langue de bois comme Michael Swaine.