Un rapport de la FTC recommandait de poursuivre Google pour pratiques anticompétitives

Au commencement de l’année 2013, après 19 mois d’enquêtes, de manœuvres politiques et de lobbying (Google est le premier lobbyiste aux États-Unis), la FTC avait clos l’enquête antitrust et conclu un accord une poignée de concessions volontaires de Google.

La portée de l’accord est d’autant plus grande qu’il influence profondément les décisions d’autres régulateurs dans le monde, comme la Commission Européenne. Qui avait lancé sa propre enquête en novembre 2010.

L’accord avait été très critiqué à l’époque et Jon Leibowitz, alors président de la Federal Trade Commission, fut défensif lors de la conférence de presse.

Un rapport interne de 160 pages datant de 2012, donné par erreur en version non expurgée au Wall Street Journal (WSJ) suite à une requête de type ‘liberté de l’information’, remet à nouveau en cause la façon dont la FTC a traité cette enquête antitrust.

Écrit en 2012 par le bureau de la compétition de la FTC, il recommandait que la FTC attaque Google en justice pour pratiques anticompétitives dans le domaine des moteurs de recherche Internet.

Ce rapport note que Google mettait délibérément ses compétiteurs pour les recherches sur les achats sur sa liste noire, en dépit de ses affirmations répétées contraires.

Il montre aussi que Google se réjouissant que ComScore sous-évalue les parts de marché de Google, qui a toujours nié avoir un monopole sur les moteurs de recherche alors même qu’Eric Schmidt, son président, l’a admis en privé.

Et Google faussait les résultats de recherche, en propulsant artificiellement les siens quand certaines recherches spécialisées auraient favorisé les compétiteurs, et en les plaçant avant ceux des compétiteurs. Par exemple, quand un résultat de Yelp était pertinent pour une recherche, Google Local apparaissait en haut de la page.

À l’origine, Google rétrogradait tous les résultats des concurrents. Jusqu’à ce que des tests utilisateurs montrassent que c’était mal perçu. L’entreprise a alors conçu un algorithme de diversité pour montrer ici et là des résultats de compétiteurs.

De temps à autre, Google supprimait même hardiment les résultats de ses compétiteurs du top 10 des résultats.

Pire encore, Google s’appropriait les informations des sites concurrents, comme les notes et les critiques, et menaçait de dé lister tout site s’en plaignant.

Enfin, Google signait des accords exclusifs avec des annonceurs pour leur interdire d’acheter des espaces publicitaires sur les moteurs de recherche concurrents.

Le rapport note que :

‘Google utilise son pouvoir de monopole de moteur de recherche pour extraire les fruits des innovations de ses compétiteurs […] Sa conduite a résulté en, et continuera de résulter à faire du tort aux consommateurs, et à l’innovation dans les domaines des moteurs de recherche et de la publicité en ligne. ‘

Il est rarissime que les cinq commissionnaires de la FTC votent unanimes contre les recommandations du bureau de la compétition. Et encore plus extrême qu’une entreprise s’en sort avec des engagements volontaires sans jugement convenu.

Trois des cinq commissionnaires travaillent encore à la FTC, dont la présidente, Edith Ramirez.

Kent Walter, le directeur juridique de Google, répond que :

‘Les spéculations sur le tort posé aux consommateurs et aux compétiteurs se sont révélées infondées. Et nos compétiteurs prospèrent.’

Une affirmation que ne partagent pas les concurrents, puisqu’une enquête antitrust européenne n’a jamais autant reçu le soutien d’entreprises américaines.