Facebook veut faire de Messenger une plateforme

Messenger est l’application de messagerie interne de Facebook avec 600 millions d’utilisateurs.

Lors de sa conférence développeur F8, qui se tient du 25 au 26 mars à San Francisco, Facebook a annoncé son intention d’en faire une plateforme ouverte aux développeurs et aux entreprises. La conférence attire plus de 2 000 développeurs pour qui l’accès potentiel à 1,4 milliard d’utilisateurs et un million d’annonceurs publicitaires est bien tentant.

Développement

Facebook souhaite que les développeurs améliorent Messenger en lui ajoutant des fonctionnalités supplémentaires, comme l’inclusion de contenus multimédia. Une personne pourrait ainsi répondre à un message en envoyant une vidéo d’une application tierce. Les nouveaux types de contenus pourront être utilisés dans des messages privés et des messages de groupe. Facebook promet un engagement plus grand des utilisateurs, en liant directement l’application, ce qui éviterait à l’utilisateur de parcourir des pages d’applications avant de la trouver.

Entreprises

Facebook souhaite que les entreprises utilisent plus Messenger pour communiquer directement avec leurs clients, en envoyant des messages et des questionnaires directement dans Messenger. Lors d’un achat en ligne par exemple, une entreprise pourrait envoyer un message avec les options de livraison, et un message de confirmation de commande.

L’attrait éventuel pour l’entreprise serait d’être plus près de ses clients. Toutefois, du 1,4 milliard d’utilisateurs de Facebook, seuls 600 millions utilisent, ou ont utilisé au moins une fois l’application Messenger, qu’ils ont été forcés par Facebook de télécharger s’ils voulaient continuer de répondre aux messages Facebook sur leurs téléphones (Messenger était autrefois incorporé directement dans l’application Facebook).

David Marcus, le vice président en charge de Messenger affirme : *

« Nous voulons réinventer la façon dont les gens et les entreprises communiquent. De nombreuses entreprises ont tenté d’inclure un service de chat et autres choses, mais ils ne sont pas si bien. »

On le voit, la stratégie de Facebook est de tenter de privatiser autant de parties et de protocoles d’Internet que possible. Remplacer les courriels d’entreprises auxquels elle n’a pas accès par des messages Messenger qu’elle peut analyser et dans laquelle elle pourra rajouter de la publicité, serait idéal pour le réseau social.

Cette volonté est confirmée par le souhait d’imposer sa technologie de deep linking (l’équivalent des hyperliens Web mais pour les applications mobiles), et l’inclusion de toujours plus de données externes. Facebook a ainsi annoncé un partenariat avec Huffington Post, pour poster non seulement ses articles dans Facebook, mais aussi les commentaires. Elle veut aussi étendre Parse, sa plateforme de développement mobile, aux objets connectés.

De la même façon qu’un utilisateur sacrifie sa vie privée en utilisant un réseau social pour s’authentifier plus facilement avec un site ou un service tiers, avec l’échange pas forcément compris de son carnet d’adresses contre quelques minutes épargnées pour remplir un formulaire d’inscription, les entreprises et les développeurs pourraient être tentés d’augmenter leur dépendance au réseau social en échange d’une plus value hypothétique pour leurs clients utilisant Messenger.

Facebook, dont le cours de bourse est proche de son niveau historique poursuit logiquement une politique de diversification pour augmenter ses revenus publicitaires – 70 % de ses revenus – alors que le réseau a déjà tant d’utilisateurs qu’elle ne peut probablement plus espérer une croissance à deux chiffres de ces derniers sur le long terme.

 

* Traductions: Le Diligent