Autonomy: HP détaille ses accusations de fraude

Le PDG de Hewlett-Packard, Leo Apotheker, qui voulait transformer l’entreprise en éditeur de logiciels, avait décidé le rachat du britannique Autonomy pour 11 milliards de dollars. Moins d’un an après, HP dépréciait la valeur de l’acquisition de 8,8 milliards de dollars.

Le 30 mars 2015, HP poursuivait Michael Lynch et Sushovan Hussain en justice au Royaume-Uni pour 5,1 milliards de dollars (4,7 milliards d’euros). Le premier était cofondateur d’Autonomy, et PDG à l’époque des faits reprochés, et le second directeur financier.

Hier, HP a détaillé les allégations. Lynch et Hussain auraient falsifié les comptes et exagéré le chiffre d’affaires de 700 millions de dollars sur deux ans, soit un tiers du chiffre d’affaires, pour faire apparaître Autonomy comme un éditeur de logiciels en pleine croissance quand cette dernière était inexistante et que l’entreprise perdait des parts de marché. Lynch et Hussain ne se seraient pas acquittés de leurs obligations fiduciaires, et Hussain aurait fourvoyé le comité de vérification à maintes reprises.

Les avocats de HP affirment que les 700 millions de chiffre d’affaires imaginaires proviennent de :

– 33 millions de dollars de transactions impropres ;

– 80 millions de dollars de contrats d’hébergement qui n’en étaient pas ;

– 194 millions de dollars de ventes de matériel déguisées en ventes de logiciels ;

– 196 millions de dollars de fausses ventes du logiciel vedette IDOL à d’autres éditeurs de logiciels ;

– 205 millions de dollars de ventes comptabilisées avec les revendeurs qui étaient en fait fictives, puisque aucun accord avec les clients finaux n’était signé ;

Ils notent que Hogensons, le directeur financier de la filiale américaine d’Autonomy, avait été renvoyé après avoir questionné les méthodes comptables auprès de l’auditeur, Deloitte, et du régulateur, la FSA.

Lynch de son côté continue de nier toute fraude. Il affirme que HP travestit en fraude ce qui n’est qu’une divergence sur les méthodes comptables. HP utiliserait les mêmes méthodes pour comptabiliser son chiffre d’affaires d’hébergement, les questions sur les revendeurs ne porteraient que sur 6 contrats d’un total de 40 millions de dollars, et ni la FSA ni Deloitte n’auraient trouvé à redire sur les questions de Hogenson.

Il accuse Meg Whitman, qui dirige actuellement HP, de temporiser et de n’avoir toujours pas apporté de preuves irréfutables.