Twitter n’autorise plus les agences de renseignement américaines à utiliser ses données en temps réel

Twitter ne permet plus aux agences de renseignement américaines d’utiliser le flux global de tweets en temps réel.

C’est un service que l’entreprise ne commercialise pas directement : elle a accordé à la société Dataminr Inc. un accès exclusif au flux, et un monopole sur la vente des licences d’utilisation du flux à des organismes tiers

Dataminr agrège tous les tweets et les met en correspondance avec d’autres sources d’information médiatiques, financières et de géolocalisation pour en tirer des informations, tendances ou alertes utiles à ses clients. Elle aurait ainsi informé ses clients dix minutes avant les agences de presse des attentats de Bruxelles en mars dernier.

Le service est devenu un outil très utile, voire essentiel, pour les agences de presse comme les agences de renseignement. Ces dernières ne seraient donc pas du tout satisfaites du manque de coopération de Twitter, d’après un officiel contacté par le Wall Street Journal.

Officiellement, Twitter a interdit de longue date l’accès au flux de tweets à toute agence gouvernementale qui l’utiliserait pour la surveillance, mais elle n’a expliqué ni pourquoi Dataminr fournissait le service à ces agences depuis plus de deux ans, ni pourquoi l’accès a été récemment supprimé.

Depuis les révélations d’Edward Snowden sur la surveillance de masse des citoyens américains par leurs agences de renseignement, la plupart des entreprises américaines de haute technologie ont décidé de limiter autant que possible leur coopération avec les agences gouvernementales, pour minimiser les répercussions négatives sur leur image, et rassurer leur clientèle internationale.

Apple a ainsi récemment publiquement refusé d’aider à débloquer certains iPhones pour en donner l’accès aux forces de l’ordre, et Microsoft se bat pour limiter la validité des mandats de perquisition de données numériques hébergées à l’étranger aux mêmes droits dont les forces de l’ordre américaines disposent pour un mandat de perquisition classique de supports physiques de données, pour lesquelles ces dernières doivent obtenir une autorisation judiciaire dans les pays concernés.