Photo: Michael Taylor

La Commission européenne bloque la fusion des opérateurs mobiles Three et O2 au Royaume-Uni

Lors d’une conférence de presse, Margrethe Vestager, la commissaire chargée de la politique de concurrence, a annoncé l’interdiction de la fusion des opérateurs mobiles Three et O2.

Le 25 mars 2015, le conglomérat hongkongais Hutchison Whampoa, propriétaire du réseau mobile Three, acceptait de racheter à Telefónica le réseau O2 pour 10,25 milliards de livres (13,7 milliards d’euros).

Le 2 novembre 2015, la Commission européenne annonçait l’ouverture d’une enquête approfondie sur le rachat.

Cette fusion aurait donné lieu au premier opérateur britannique avec 30 millions d’abonnés, et fait passer le nombre d’opérateurs mobiles de 4 à 3.

La Commission s’est inquiétée du choix réduit pour le consommateur anglais, du prix probablement plus élevé payé, et du frein à l’innovation. Tout comme de l’avenir des opérateurs mobiles virtuels (MNVO).

La Commission avance que, contrairement à d’autres cas en Europe où la Commission a autorisé le passage de 4 à 3 opérateurs mobiles, l’entité combinée aurait eu des accords de partage de réseau avec les deux autres réseaux, EE (racheté par BT) et Vodafone.

Enfin, elle affirme que les améliorations d’efficacité du marché avancées par Hutchison étaient incertaines, et que dans le meilleur des cas, elles ne se seraient matérialisées que dans plusieurs années.

Hutchison Whampoa avait proposé plusieurs garanties à la Commission : pas d’augmentation des tarifs pour les clients pendant cinq ans, et 5 milliards de livres d’investissement. Début avril, l’entreprise s’était engagée à vendre sa participation dans Tesco Mobile, et avait signé des accords avec les MNVO Virgin et Sky leur garantissant un espace dans le cas de la fusion. Sky aurait pu prendre une participation de 20 % dans le nouveau réseau, et Virgin 10 % supplémentaires.

Hutchison a commenté la décision en affirmant que la fusion aurait été bénéfique pour le Royaume-Uni, avec une infusion de capitaux dans l’infrastructure numérique, et une augmentation de la couverture mobile.

Si la Commission européenne, qui a suivi l’avis de l’Ofcom, l’autorité de régulation des télécoms au Royaume-Uni, est si sûre de son fait, on peut se demander pourquoi elle a presque attendu le dernier moment pour rendre sa décision.

Vestager a démenti la rumeur selon laquelle la Commission aurait cédé aux pressions pour ne pas prendre un avis opposé à celui des autorités britanniques dans un contexte de référendum pour ou contre la sortie de l’Union européenne. Elle affirme que la décision est suffisamment solide pour ne pas être invalidée par une cour d’appel.