Microsoft rachète LinkedIn pour 26,2 milliards de dollars

Microsoft va racheter LinkedIn pour 196 dollars par action, soit 26,2 milliards au total (environ 23,2 milliards d’euros). L’entreprise de Redmond financera la transaction avec de l’endettement.

Le premier réseau social professionnel avec 433 millions de membres restera indépendant, gardera sa marque et continuera d’être dirigé par son PDG actuel Jeff Weiner, qui sera subordonné à Satya Nadella, le PDG de Microsoft. Il s’agit de la plus grande acquisition de Microsoft depuis que Nadella est devenu son PDG.

En 2015, le chiffre d’affaires s’est élevé à 3 milliards de dollars, et la main-d’œuvre de LinkedIn à 10 000 employés.

La logique de la transaction se résumerait ainsi : le leader mondial du cloud professionnel avec le leader mondial des réseaux professionnel.

Dans sa lettre aux employés, Weiner évoque l’opportunité de développer les membres du réseau avec le milliard de clients du cloud professionnel de Microsoft, la possibilité de développer les services de formation Lynda.com et LinkedIn, et se développer au-delà du recrutement en aidant les entreprises à gérer leur capital humain.

Dans sa lettre aux employés, Nadella évoque l’intégration du fil d’actualité de LinkedIn avec un projet sur lequel on travaille dans Office, et la mise en relation avec des experts qui pourraient aider au projet. Et l’opportunité d’accélérer la croissance de LinkedIn.

L’acquisition a de quoi laisser sceptique. D’un côté, Microsoft met la main sur le seul réseau social important disponible, et profite de la chute du cours de l’action LinkedIn qui à son plus haut l’automne dernier était de 260 $.

D’un autre côté, Microsoft paie une prime très élevée de 49,6 % sur le cours de clôture de vendredi, d’une entreprise qui a du mal à diversifier ses revenus, qui a laissé s’échapper les mots de passe de 120 millions de membres, et qui dépend pour deux tiers de son chiffre d’affaires du recrutement.

L’offre valorise LinkedIn à 91 fois son EBITDA, ce qui semble astronomique, et en fait l’acquisition majeure la plus chère de 2016.

Même en supposant que les analystes ont raison de penser que LinkedIn va quadrupler son EBITDA 2015 en 2016 à un milliard de dollars, Microsoft paie un multiple de 26, ce qui est nettement plus que le multiple typique de ce genre de transaction.

En février dernier, la croissance au ralenti et les prévisions de LinkedIn n’ont pas convaincu les analystes financiers (croissance revue à la baisse de 35 % à 20 %, croissance des bénéfices revue à la baisse de 41 % à 7 %), et le cours de l’action a chuté de 44 % en un jour.

Si Facebook dégage des profits pharaoniques avec la publicité, LinkedIn a perdu 166 millions en 2015 et 16 millions en 2014.

L’activité principale du recrutement pourrait être remise en cause par des clients qui ne souhaitent pas forcément traiter ce sujet avec Microsoft. De même, tous les membres n’accepteront peut-être plus de servir pour l’outil de vente de LinkedIn, qui va être intégré à Microsoft CRM.

Microsoft n’a jamais vraiment su développer ses réseaux sociaux, que ce soit Yammer ou Skype. L’exemple de Skype est particulièrement frappant, avec près de 8,5 milliards dépensés en 2011, et aujourd’hui, une plateforme bien moins populaire que de nombreuses messageries mobiles comme WhatsApp, Line, WeChat.

L’avenir dira si cette acquisition était un coup de génie ou une catastrophe monumentale, mais dans tous les cas elle éloigne Microsoft de ses origines technologiques.