Facebook change d’utopie

Le premier Facebook Communities Summit se tient du 22 au 23 juin 2017. Il vise à célébrer l’action des administrateurs de groupes sur Facebook, et leur donner des outils de gestion plus performants.

Dans ce cadre, Mark Zuckerberg, le CEO de Facebook, a énoncé la nouvelle déclaration de mission de l’entreprise: « donner aux gens le pouvoir de bâtir des communautés et rapprocher les citoyens du monde entier ».

Jusqu’à présent, la mission de Facebook était de « rendre le monde plus ouvert et plus connecté. »

La réflexion du jeune milliardaire a commencé au plus tard il y a quelques mois, quand Facebook a été accusée, avec raison, d’avoir activement influencé la campagne présidentielle américaine en déversant un flot ininterrompu de fausses nouvelles sur ses utilisateurs.

Un monde plus ouvert et plus connecté n’est pas intrinsèquement meilleur, si l’ouverture s’obtient pas perte forcée de la vie privée. La connexion, en soi, n’est pas positive. Ainsi, certaines études montrent que trop utiliser Facebook rend dépressif: à force de se comparer et de comparer sa vie avec ses ‘amis’, on finit par développer ou par accentuer un sentiment d’infériorité et d’insatisfaction.

D’après Facebook, cent millions d’utilisateurs participent activement à des groupes. Le but serait de décupler leur nombre.

Concrètement, Facebook a dévoilé aux administrateurs de groupes de nouveaux outils, assez éloignés de la mission de l’entreprise, et plus terre à terre:

  • Apercu d’un groupe: métriques sur la croissance du nombre d’adhérents, nombre de billets par adhérents, temps passé, etc.
  • Filtrage des postulations, afin d’accepter les demandes en masse selon des critères comme le sexe ou la localisation;
  • Suppression de tous les artefacts créés par une personne chassée du groupe: billets, commentaires et personnes invitées;
  • Calendrier de publication, afin de décider quand un billet sera publié;
  • Recommandation de groupes, afin de recommander des groupes similaires ou sur le même thème à ses membres.

La nouvelle mission de Facebook est belle et noble, comme le souhait de la paix dans le monde d’une candidate Miss France ou la croyance de Zuckerberg qu’il va éradiquer toutes les maladies en cent ans. Il nous semble que Facebook troque une utopie pour une autre, pendant que son éthique des affaires ne change pas d’un iota.

Comme de piller les innovations de Snap aussi vite que possible sur tous ses services, priver ses utilisateurs de toute vie privée à l’aide de techniques d’empreintes numériques et de la corrélation des données personnelles de Facebook et de WhatsApp, en dépit des promesses énoncées pour faire accepter la fusion par les autorités.

Enfin, s’il est louable de rapprocher le monde virtuellement, ce serait une pure utopie de le rapprocher uniquement virtuellement. Si Facebook veut vraiment rapprocher le monde, elle devra accepter que ses membres utilisent moins le service pour consacrer plus de temps à des actions de rapprochement dans le monde réel.