Ferme de minage de Bitcoin de Genesis Mining. Photo: Marco Krohn
Ferme de minage de Bitcoin de Genesis Mining. Photo: Marco Krohn

Le Bitcoin, une catastrophe écologique ?

Consommation électrique

Le cours de la monnaie virtuelle Bitcoin, dont la légalité en tant que moyen de paiement comme de levée de fonds est de plus en plus contestée internationalement, a atteint le cours astronomique de 7 000 $ l’unité début novembre.

Plus son cours monte, plus les mineurs sont prêts à dépenser de l’électricité pour le minage : la vérification, l’enregistrement et la sécurisation des transactions dans la chaîne de bloc, une activité fort intensive en calculs, rémunérée par l’émission de nouveaux Bitcoins et des frais de transaction.

Digicomist estime la consommation électrique annuelle liée au Bitcoin à 24,52 térawattheures (TWh). Ce qui approche la consommation annuelle du Nigeria, un pays de plus de 180 millions d’habitants…

Chaque transaction de Bitcoin consomme donc en moyenne 215 kilowattheures (kWh).

La consommation moyenne annuelle d’électricité par foyer en France s’élevait à 4 679 kWh en 2016. Chaque transaction de Bitcoin permettrait d’alimenter un foyer pendant presque 17 jours.

Motherboard a estimé a minima la consommation d’électricité nécessaire pour miner avec un matériel très efficient sans aucune déperdition liée à la chaleur, un scénario irréaliste sous-estimant grandement la consommation réelle: il faudrait au moins 77 kWh d’énergie par transaction de Bitcoin, soit 6 jours d’électricité pour un foyer français.

Autre estimation : celle de Mikko Hypponen, en charge de la recherche chez F-Secury : 21 TWh par an, soit la consommation de l’Équateur, et une estimation inférieure de 14 % à celle de Digicomist. Soit 14,4 jours d’alimentation d’un foyer français par transaction de Bitcoin.

Empreinte carbone

En août 2017, des médias comme Bloomberg et Quartz ont été invités à visiter l’opération de minage de Bitmain Technologies en Mongolie Intérieure (Chine), le plus grand mineur du monde. Une opportunité exceptionnelle dans une industrie très secrète.

Les chiffres qu’ils ont rapportés permettent d’estimer la consommation énergétique de chaque transaction. Comme on sait que cette opération est alimentée par des centrales à charbon, on peut estimer leur empreinte carbone.

On arrive à 2 à 3 kg de carbone par transaction Bitcoin, et de 8 à 12 tonnes de carbone par pièce minée.

Une transaction de Bitcoin correspond ainsi à une heure de transport aérien par passager.

Si l’on peut espérer que d’autres mineurs exploitent une énergie plus propre, 70 % des Bitcoins sont minés en Chine, où 60 % l’électricité est produite par des centrales à charbon.

Une estimation de la consommation électrique de VISA tenant compte uniquement de la consommation de ses data centres, montre que la consommation globale pour Bitcoin est 45,4 fois supérieure à celle de VISA. Comme VISA traite au minimum 800 fois plus de transactions que le réseau Bitcoin, une transaction Bitcoin consomme près de 36 320 fois plus d’électricité qu’une transaction de carte de crédit.

S’il ne fait aucun doute que les estimations actuelles sont imprécises et pourraient être largement améliorées avec des mineurs plus transparents, en ordre de grandeur, il est incontestable que le Bitcoin est une folie écologique.