Le mainframe a 50 ans

Aujourd’hui, IBM fête les 50 ans du système S/360, le premier d’une longue série de mainframes, ces ordinateurs puissants qui centralisent les données et les traitements d’un système d’information.

Pour la première fois, IBM offrait un système, qui n’était plus réservé aux gouvernements ou à la recherche, mais se démocratisait auprès des industries et du commerce : il était conçu pour couvrir tous les domaines d’application, de la plus petite à la plus grande, du commercial au scientifique.

Au cœur de cette stratégie était la distinction entre architecture et implémentation, qui permettait à IBM d’offrir des systèmes compatibles à des prix sensiblement différents. Le jeu d’instructions utilisait la microprogrammation pour que toutes les instructions soient utilisables sur tout système, quelle que soit sa taille.

Ainsi, un système conçu pour les scientifiques et optimisé pour les calculs en virgule flottante pouvait quand même utiliser des logiciels commerciaux conçus pour des systèmes optimisés pour le calcul décimal. Et inversement.

Un S/360 à la NASA
Un S/360 à la NASA

Le S/360 fut à l’origine de nombre de standards de l’industrie, comme l’octet à 8 bit, le mot à 32 bits, les processeurs à microcodes, les chiffres à virgule flottante, le jeu de caractères EBCDIC.

Le concepteur du S/360 était Gene Amdahl, le chef de projet Fred Brooks qui était directement rattaché au président Thomas J. Watson Jr, trois légendes de l’informatique.

À l’époque, le S/360 fut un énorme pari : budgété à 675 millions de dollars, il coûta au final 5 milliards de dollars.

Le premier modèle, le Model 20 avait 4 K de mémoire vive, soit 128 fois moins qu’un smartphone bas de gamme actuel. Il coûtait 5 millions de dollars.

De très nombreux modèles ont fait leur apparition jusqu’en 1977, couvrant la plupart des domaines d’utilisation, de la NASA aux banques ou aux transports aériens.

Une des capacités clés du système était la compatibilité ascendante : les entreprises ayant procédé à des investissements significatifs dans des applications spécialisées étaient sûres de pouvoir continuer à les utiliser avec les nouveaux systèmes.

Thomas J. Watson Jr.
Thomas J. Watson Jr.

L’autre point fort était la fiabilité toujours améliorée, avec une tolérance aux fautes extrêmes. Les mainframes sont rarement indisponibles plus de quelques secondes par an.

Le système S/360 fut ensuite remplacé par les systèmes S/370, S/390 puis zSeries.

En dépit de leur coût astronomique et du marché limité, les mainframes sont toujours utilisés dans la plupart des systèmes critiques comme l’assurance, la banque, la bourse et les transports.

Leur problème majeur aujourd’hui est le manque de programmateurs et d’opérateurs qualifiés.

Ainsi, une petite erreur de programmation dans un mainframe de la RBS avait empêché ses 16 millions de clients d’effectuer des transactions pendant plusieurs jours.

Cela fait plusieurs décennies que l’on annonce la mort des mainframes, mais d’après un sondage auprès des DSI, ils devraient être encore utilisés pour au moins dix ans.