Prix Pulitzer pour le Guardian et le Washington Post

Le Washington Post et la filiale américaine du britannique Guardian ont remporté conjointement le prix Pulitzer pour service au public, récompensant ainsi les articles sur l’espionnage de masse de la NSA, qui ont aidé le public à comprendre ces révélations  dans le cadre de la sécurité nationale, et des débats sur la protection de la vie privée et de la sécurité des citoyens.

Les premiers articles, d’après les révélations du dénonciateur Edward Snowden, sont parus, il y a 10 mois. Ils traitaient de la collecte systématique et à grande échelle d’informations sur les appels téléphoniques des citoyens américains.

Commentant le prix Pulitzer, Edward Snowden, affirme :

« Cette décision conforte tous ceux qui pensent que le public a un rôle à jouer dans le gouvernement. On doit aux efforts de ces reporters courageux et de leurs collègues, qui ont continué de travailler en dépit d’intimidations extraordinaires, y compris la destruction forcée de matériels journalistiques, l’utilisation abusive des lois sur le terrorisme, et bien d’autres moyens de pression visant à arrêter les révélations que le monde juge aujourd’hui d’importance vitale. »

Les prix Pulitzer sont décernés chaque année dans 22 catégories depuis 1917, à l’instigation du légendaire éditeur Joseph Pulitzer qui souhaitait promouvoir le journalisme d’utilité publique.

Les reportages sur la NSA ont été écrits au Guardian par Glenn Greenwald (désormais chez The Intercept), Ewen MacAskill et Laura Poitras ; et au Washington Post par Barton Gellman aussi aidé par la réalisatrice de films Laura Poitras.

Parmi les très nombreuses révélations, on notera particulièrement :

  • La collecte systématique et à grande échelle d’informations sur les appels téléphoniques des citoyens américains ;
  • Le programme PRISM de la NSA et des services anglais GCHQ d’installation de portes dérobées donnant accès aux informations de neuf géants d’Internet, y compris Google et Facebook.
  • Le piratage de standards d’encryptage Internet par la NSA et le GCHQ qui a contribué à affaiblir la sécurité des utilisateurs du web ;
  • L’écoute systématique des appels de 35 chefs d’État dont la chancelière allemande Angela Merkel.

Depuis, le président Obama a demandé un examen par la maison blanche de la politique de surveillance des données, des lois ont été votées par le Congrès.

Edward Snowden est néanmoins la huitième personne sous Obama à avoir été inculpée d’après la loi de 1917, Espionnage Act, soit plus que toutes les inculpations ayant été lancées par tous autres présidents américains réunis.

En Europe, Angela Merkel a lancé l’idée d’un réseau européen dans lequel les données ne transiteraient pas systématiquement par l’étranger (i.e. les États-Unis), au grand désagrément de la maison blanche qui utilise les arguments économiques du libre-échange pour menacer le projet.

Le prix Pulitzer est administré par la Colombia University. La liste des prix se trouve ici.