Le cartel GHash peut contrôler la monnaie virtuelle Bitcoin

Pourquoi des monnaies virtuelles cryptographiques?

À l’origine, les monnaies cryptographiques ont été créée pour les gens qui n’ont pas confiance dans les gouvernements et pensent que ceux-ci peuvent manipuler les valeurs des monnaies comme le dollar ou l’euro.

C’est une inquiétude qui a été partiellement légitimée ces dernières années. Si l’on n’a pas lieu de penser que les gouvernements manipulent les cours, les banquiers, eux, les manipulent avec impunité.

Récemment, on s’est aperçu que le libor, le taux interbancaire pratiqué à Londres, était manipulé par Barclays, Royal Bank of Scotland, UBS, et probablement bien d’autres, comme Bank of America, Citigroup, Credit Suisse, Deutsche Bank, JP Morgan Chase, contre lesquelles l’organisme de refinancement hypothécaire américain « Fannie Mae » a porté plainte.

Si UBS n’avait pas dévoilé l’arnaque, on ne sait pendant combien de temps encore elle aurait duré au nez et à la barbe de tous les organismes de régulations censés contrôler les banques.

 

Bitcoin, un attrape-pigeon?

Pour autant, il y a de nombreuses raisons de douter que Bitcoin apporte une quelconque amélioration, et soit autre chose qu’une « monnaie » pour pigeons et blanchisseurs d’argent.

Par conception, elle va devenir de plus en plus rare, jusqu’à ne plus être produite du tout – il n’y aura jamais plus de 21 millions de Bitcoins, ce qui profite aux premiers investisseurs, car le cours devrait logiquement monter continuellement à mesure que la demande dépasse de plus en plus l’offre. Ce en quoi Bitcoin ressemble comme deux goûtes d’eau à un schéma de Ponzi.

L’anonymité garantie en fait un moyen de paiement et de blanchiment rêvé, utilisé par exemple par Silk Road, un marché noir par lequel transitaient des stupéfiants, des armes, des pédophiles, des cartes de crédit volées et bien d’autres produits et services illégaux.

De nombreux risques opérationnels existent, comme on l’a vu avec la perte de près d’un demi milliard par la plate-forme Mt. Gox. Il suffit même de voler un portefeuille électronique, qui n’est autre qu’un fichier, à une personne ou une organisation pour la dépouiller entièrement, et sans recours, du fait de l’anonymité des transactions.

 

Le leurre de la décentralisation

L’absence d’autorité centrale et le fonctionnement décentralisé devaient garantir l’intégrité du système. Malheureusement des chercheurs de l’université de Cornell ont montré qu’en contrôlant les nœuds de calcul de Bitcoin, on pouvait contrôler et manipuler la monnaie virtuelle.

La seule façon de produire de nouveaux Bitcoins, c’est de les « miner ». C’est un processus qui nécessite d’énormes capacités de calcul pour valider une transaction reçue à partir du registre des transactions déjà effectuées, et d’utiliser des procédés cryptographiques pour assembler ces nouvelles transactions en blocs de transactions, qui seront ajoutés au registre global des transactions (blockchain). Pour remercier les mineurs, le système leur attribue 25 nouveaux bitcoins.

Théoriquement, ce travail est confié au hasard à plusieurs nœuds du réseau pair à pair. Mais en fait, il est possible de manipuler et contrôler le minage des bitcoins, et donc de contrôler la monnaie.

Une attaque par déni de service peut empêcher les nœuds de signaler leur disponibilité pour le minage.

 

Le minage égoiste

Le « minage égoïste » est encore plus ambitieux. Des mineurs agissent de concert pour garder leurs transactions sur leurs propres nœuds. En étant suffisamment nombreux à publier leur propre version du bloc, ils le transforment de facto en bloc qui fait autorité. En jouant sur les versions et en revenant en arrière sur des transactions minées par des tiers, ils peuvent faire en sorte que le mineur ne soit pas payé pour son travail.

La communauté a longtemps dénigré cette attaque comme théorique, car il faudrait contrôler 51 % du minage pour la rendre possible, et le système étant décentralisé, personne n’arrivera jamais à ce pourcentage.

Des simulations ont néanmoins montré qu’il suffisait de contrôler 15 % des nœuds de minage pour pouvoir manipuler la monnaie.

 

Le cartel GH contrôle la monnaie Bitcoin

Aujourd’hui, pour la première fois dans l’histoire de la monnaie, on s’aperçoit que l’organisme GHash contrôle très souvent, et pour des périodes longues de plus de 12 heures, plus de 51 % des nœuds. Ce contrôle ne le met pas en situation d’oligopole, mais bien de monopole.

Potentiellement, elle peut dépenser les mêmes bitcoins deux fois, retarder ou rejeter les transaction de mineurs tiers, extorquer des frais énormes aux détenteurs de bitcoins, et lancer une attaque par déni de service sur tout le réseau bitcoin.

Même s’il n’y a pas de raison pour l’instant que GHash manipule le marché, le fait même qu’elle soit en état de le faire, enlève toute crédibilité à l’argument de la décentralisation du système.

Pourtant, GHash s’était engagée publiquement par un communiqué à tout mettre en œuvre pour ne jamais atteindre 51 %.

Interrogé il y a quelques jours par Cryptocoin News sur les mesures prises par GHash pour ne pas dépasser ce seul, le CIO  de CEX, le fournisseur principal de nœuds de calcul de GHash, du  n’a pas su répondre.

Pour rassurer le public, il promet :

« Bientôt nous présenterons une solution valide à ce problème ».

Mais pourquoi croire une organisation qui avait promis à 40 % qu’elle ne monterait jamais son contrôle à 51 %, et qui affirme qu’elle croit en la décentralisation tout en ne cessant d’augmenter sa mainmise sur le marché ?

Il est probablement temps de changer les système.