Choi Mun-kee lors de la signature du premier accord avec l'UE

L’Europe et la Corée du Sud s’allient pour la 5G

L’Europe mauvais élève de la 4G

Après avoir dominé la 3G, l’Europe s’est largement fait distancer sur la 4G.

Début 2013, Neelie Kroes, la vice-présidente de la Commission Européenne en charge du numérique, s’en agaçait et menaçait les États Membres de sanctions s’ils persistaient à traîner les pieds pour les enchères sur les fréquences, les déploiements et les restrictions artificielles.

Paris avait par exemple fait signer une charte de restriction des seuils aux opérateurs de 4G uniquement valable à Paris, et environ 100 fois plus drastique que les normes communautaires.

Aujourd’hui, d’après l’IDATE, Institut de l’audiovisuel et des télécommunications en Europe, la 4G est dominée par les États-Unis avec 54 % des abonnés dans le monde, soit 58,4 millions. La Corée du Sud arrive au second rang avec 22,9 millions d’abonnés.

D’après une étude de l’équipementier Ericsson, l’Europe ne parviendra pas à rattraper son retard d’ici 2019, avec une couverture de moins de 80 % du territoire et moins de 30 % d’abonnés. Tandis que l’Asie obtiendra une couverture de 95 % et de 45 % d’abonnés.

 

Partenariat historique avec la Corée du Sud

C’est dans ce contexte que la Commission européenne, qui avait déjà lancé un partenariat public privé sur la 5G (5G PPP) en décembre 2013, et consenti un investissement de 700 millions d’euros sur 7 ans, vient d’annoncer un accord avec la Corée du Sud pour développer la 5G.

Il s’agit de développer la recherche, et surtout standardiser la 5G ainsi que ses fréquences.

D’ici 2015, le but est d’obtenir un consensus sur les définitions, les fonctionnalités et le calendrier pour la 5G.

En 2016, il s’agit de mener des programmes conjoints de recherche sur la 5G. Un protocole d’accord entre l’association européenne 5G PPP, qui rassemble notamment Alcatel-Lucent, Atos, Deutsche Telekom, Ericsson, Nokia, Orange, Telecom Italia, Telenor and Telefonica, et le Forum 5G de la Corée du Sud devrait être signé à cette date.

Le partenariat s’étend aussi au Cloud et à l’Internet des objets, étendant ainsi un accord déjà passé en novembre 2013 sur les technologies de l’information et de la communication.

Kroes affirme que : *

La 5G va devenir le nouveau moteur de l’économie numérique et de la société numérique une fois établie. L’Europe et la Corée du Sud le reconnaissent. C’est la première fois que les pouvoirs publics ont uni leurs efforts dans cette voie, avec l’appui du secteur privé, pour faire avancer le processus de normalisation. La déclaration de ce jour signale notre engagement à devenir chefs de file mondiaux du numérique.

 

La 5G pour quoi faire ?

La 5G va d’abord permettre de faire face à la croissance rapide des besoins. En 2020, on attend 30 fois plus de trafic Internet mobile qu’en 2010.

La 5G va apporter un confort d’utilisation, avec une vitesse 100 fois supérieure à celle de 2010.

Elle devrait permettre d’autres fonctionnalités à fort potentiel économique et social, comme l’Internet des objets, la maison connectée, la médecine à distance, les villes intelligentes ou les les transports connectés.

 

Limites de l’alliance

L’Europe reconnaît avec raison, implicitement, qu’elle ne peut établir seule les standards internationaux. L’accord avec l’un des pays les plus avancés en matière de télécommunication était logique. C’est un moyen de contrer les États-Unis, et Intel qui travaille à la 5G, et la Chine représentée par Huawei.

On peut pourtant se demander s’il n’aurait pas mieux valu privilégier un accord avec la Chine, dont les progrès en matière de télécommunication sont foudroyants, et qui devrait de loin, devenir le plus grand marché 4G puis 5G au monde, en alliant trois avantages : puissance démographique, aucune vieille infrastructure concurrente à maintenir, et statut d’usine du monde.

Quoi qu’il en soit, ces alliances ne sauraient être exclusives. Ainsi, bon nombre d’équipementiers européens, et coréens, ont déjà entamé les premiers tests 5G au Japon, sous l’égide du géant NTT Docomo.

Alcatel-Lucent expérimente ainsi sur les fréquences existantes, alors qu’Ericsson expérimente sur la bande 15 GHz, Nokia sur la bande 70 GHz et Samsung sur la Bande 28 GHz.

 

Essais 5G au Japon
Essais 5G au Japon

* Traductions: Le Diligent

 

Annexe: infographique 5G de l’UE

 

Infographique 5G de la Commission Européenne