Google investirait 500 millions de dollars dans Google Shopping Express

L’attrait du e-commerce

Google s’intéresse depuis longtemps au e-commerce, un des rares domaines lucratifs d’Internet où sa présence est négligeable.

En 2006, pour contrer PayPal, elle lançait son propre service de paiement sur Internet, Google Checkout, qui fut un échec.

En 2011, elle a lancé, aux États-Unis exclusivement, Google Wallet, un service de paiement par téléphone mobile qui permet à ses utilisateurs de stocker des cartes de débit, des cartes de crédit, des cartes de fidélité et des bons d’achat. Et de payer par simple rapprochement du téléphone vers une borne de paiement NFC.

 

Google Shopping Express

En 2013, elle se lançait dans la livraison à domicile avec Google Shopping Express, un service de livraison à domicile, à San Francisco, à Los Angeles et au cœur de New York.

Moyennant une commission de 4,99 $ par magasin visité, le consommateur peut recevoir ses achats locaux le jour même, ou selon les cas, le lendemain.

Tout en s’appuyant sur d’autres partenaires, comme des entreprises de livraison, Google a dû ouvrir ses propres centres de logistique et développer sa flotte de camions. Même si contrairement à Amazon, elle n’a pas vocation à construire et diriger d’immenses entrepôts.

Elle a conclu des accords avec de nombreuses chaînes de distribution comme Costco et Target pour les produits de grande consommation, Whole Foods Market pour les produits alimentaires écologiques de luxe, Toys R Rus.

D’après re/code, Google serait en train d’investir 500 millions de dollars pour développer cette activité, qui pourrait un jour ou l’autre être aussi disponible en Europe.

 

Pourquoi se lancer dans une activité à rentabilité limitée

Pourquoi diable se lancer dans une activité à rentabilité limitée, qui nécessite des investissements préliminaires considérables, et des concurrents, actuels ou potentiels, qui maîtrisent parfaitement la logistique, y compris au plan informatique ?

Les profits potentiels de l’activité de livraison rapide proprement dite semblent limités. Il faut donc chercher ailleurs.

Google dépend toujours des revenus publicitaires pour 0 % de son activité, essentiellement liée à son moteur de recherche. Celui-ci est en situation de monopole de fait dans presque tous les domaines.

Sauf la recherche de produits. Qui est dominée par Amazon.

C’est pourquoi, après avoir tenté de s’immiscer dans la conversation avec les moyens de paiement, elle revient à la charge avec la livraison. Permettre aux internautes d’acheter directement à partir de résultats de recherche, c’est rendre son moteur pertinent.

Et non seulement engranger d’énormes recettes publicitaires, mais aussi d’engranger des revenus de marketing direct, des publicités qui incitent les internautes à finaliser leurs achats. Rien qu’aux États-Unis, c’est un marché de 3,5 milliards de dollars.

 

Une alliance qui pourrait se retourner contre les marchands

Si l’alliance avec Google est bénéfique pour les vendeurs qui ne peuvent développer leurs propres services de livraison le jour même, elle pourrait s’avérer empoisonnée.

D’une part, elle n’est pas gratuite pour le vendeur, qui paie un pourcentage des transactions non négligeable à Google.

Et en prenant les commandes, en gérant la livraison et en ne fournissant que des données agrégées au vendeur, Google contrôle entièrement la relation au consommateur, et pourrait à terme supprimer les intermédiaires.

C’est pourquoi d’autres chaînes comme Staples refusent de travailler avec elle.

Avec toutes ces données sur les comportements des consommateurs, elle pourrait s’accaparer les budgets promotionnels des marques à destination des chaînes de distribution pour son moteur de recherche et pour ses services.

Ce qui a déjà été reproché à Amazon, que Google imite largement dans tout ce projet. À terme, Tom Fallows, le chef de Google Shopping Express, imagine un système de rémunération forfaitaire. Comme Amazon Prime. À moins de 100 $. Comme Amazon Prime (99 $).