Succès de l’introduction en bourse d’Alibaba

Le géant du commerce en ligne chinois Alibaba a réussi son introduction en bourse (IPO) vendredi.

Le cours de l’action a augmenté de 38 % lors du premier jour d’échanges boursiers.

C’est comme prévu la plus grande introduction en bourse aux États-Unis: les banquiers ont exercé leur option pour vendre 15 % d’actions supplémentaires, pour un total de 25 milliards de dollars.

Avec une capitalisation boursière de 231 milliards de dollars (180 milliards d’euros) à la fin du premier jour, Alibaba vaut plus que Amazon et eBay combinés.

Le succès de l’opération est dû à la position prééminente d’Alibaba dans le commerce en ligne chinois, dont elle détient 80 % de parts de marché, et des bénéfices en hausse depuis des années, contrairement à Amazon dont les bénéfices sont réduits à peau de chagrin quand la firme n’est pas dans le rouge.

Plus de 630 millions de Chinois utilisent Internet et ils devraient rapidement être 850 millions. D’après McKinsey, le commerce en ligne en Chine en 2015 devrait atteindre 400 milliards de dollars, soit trois fois plus qu’en 2011.

Les grands gagnants de l’opération sont Jack Ma, SoftBank et Yahoo.

 

Jack Ma

Jack Ma, le fondateur et actuel PDG de l’entreprise devient l’homme le plus riche de Chine avec une fortune estimée à 26,5 milliards de dollars (20,6 milliards d’euros). En Asie, il n’est devancé que par le magnat de l’immobilier Li Kashing.

Sa fortune est certainement sous-estimée, car la plupart des actifs d’Alibaba lui appartiennent.

 

SoftBank

La multinationale japonaise SoftBank est le premier actionnaire d’Alibaba avec 32 % des parts. Elle n’a vendu aucune action lors de l’IPO. La valeur de sa participation a augmenté de 500 milliards de yens (3,6 milliards d’euros). Le PDG Masayoshi Son a affirmé qu’il aimerait détenir encore plus d’actions mais ne semble pas décider à en acheter plus à court terme.

Parallèlement, le cours de l’action de SoftBank baisse de 6 % : les investisseurs qui achetaient une participation dans Alibaba par procuration en achetant des actions SoftBank, investissent désormais directement dans Alibaba.

 

Yahoo

La situation est similaire pour Yahoo, le second actionnaire d’Alibaba. Son cours de bourse a baissé de 2,75 %.

Contrairement à SoftBank, Yahoo a vendu 120 millions de ses 520 millions d’actions Alibaba pour 5,1 milliards de bénéfices après taxes. Le reste de sa participation est évalué à 37 milliards de dollars.

Yahoo a promis que 50 % des gains seraient reversés directement aux actionnaires. On pense que Marissa Mayer, la PDG de Yahoo, va continuer sa politique d’acquisitions, dont la pertinence n’est toujours pas prouvée.

Elle n’a toujours pas réussi à redresser Yahoo, dont l’importance s’effondre, avec 2,5 % de parts du marché de la publicité en ligne, contre 34 % pour Google.

Sa capitalisation de 41 milliards de dollars est presque cinq fois inférieure à celle de Facebook.

 

Un investissement risqué

L’investissement dans Alibaba n’est pas sans risque. D’une part, la valorisation initiale représentait 41x les bénéfices 2013, ce qui est très élevé, même si moins extrême que les 600x d’Amazon.

D’autre part, la Chine limite les investissements étrangers dans les industries sensibles comme Internet.

Les investisseurs ont donc en fait investit dans une holding offshore basée aux Îles Caïman, qui leur donne droit aux profits. Mas les actifs d’Alibaba appartiennent à Jack Ma et au cofondateur Simon Xie.

Ce système d’entité à détenteurs de droits variables est régulièrement utilisé par les entreprises technologiques chinoises. Mais la Chine ne s’est jamais prononcée sur leur légalité, et les investisseurs ne peuvent espérer de protection juridique.

Et Jack Ma a pris l’habitude de prendre des décisions majeures à son profit personnel, sans l’aval des actionnaires, en toute impunité.

Enfin, historiquement, aucune entreprise Chinoise introduite en bourse aux États-Unis n’a rapporté d’argent à ses actionnaires, avec des rendements de l’ordre de 1 % par an, très inférieurs aux indices des bourses américaines.