De nombreux internautes utilisent des logiciels comme AdBlock Plus d’Eyeo afin de bloquer les publicités sur leurs navigateurs. En France, ils sont plus de cinq millions à les utiliser, et dans le monde ils sont plus de 150 millions, avec une très forte croissance annuelle.
Ce qu’ils gagnent en confort de lecture et d’utilisation, les éditeurs de contenu, et bien sûr les agences et réseaux de publicité en ligne, le perdent en revenus. L’enjeu est tel que Google avait tout simplement supprimé AdBlock Plus de son magasin en ligne Play.
Les internautes peuvent, et sont d’ailleurs invités à débloquer eux-mêmes la publicité sur les sites qu’ils fréquentent souvent, afin de ne pas leur soustraire leur source de revenu principale, voire unique.
D’après le Financial Times, Amazon, Google, Microsoft et Taboola auraient payé l’entreprise allemande Eyeo, pour débloquer leurs publicités, en étant ajoutées à la liste blanche de l’utilitaire.
Les accords sont confidentiels et aucune entreprise concernée n’a souhaité s’exprimer.
Ces accords peuvent surprendre pour trois raisons.
D’abord, ils concernent des géants d’Internet.
Ensuite, peu d’internautes savent que les paiements pour déblocage sont la principale source de revenus d’Adblock Plus, ce qui peut sembler paradoxal. Les entreprises qui passent un accord avec Eyeo et qui la paient pour ne pas bloquer leurs publicités doivent se conformer à sa politique de ‘publicités acceptables’ : elles doivent être statiques (non animées et sans son), bien se présenter comme des publicités, et ne pas déranger le contenu.
Pour certains, cette activité s’apparente à de l’extorsion, et un procès d’annonceurs est en cours en Allemagne. En France, Le Geste, qui fédère les éditeurs en ligne, évalue la question d’une action juridique.
L’entreprise se défend en affirmant au contraire proposer un compromis aux annonceurs.
Enfin, à l’inverse, les internautes pourraient être surpris de constater que leur bloqueur de publicité ne fonctionne que partiellement. Eyeo se défend d’une part en affirmant que seuls 25 % de ses utilisateurs sont complètement réfractaires à toute publicité, et qu’il existe une option dans le logiciel qui désactive ces listes blanches.