Streaming: la cupidité des maisons de disques

Il est bien plus difficile de gagner sa vie avec la musique qu’il y a quelques années.

La numérisation de la musique a facilité le piratage endémique, tout comme la cupidité des maisons de disques vendant plus cher des cd que des vinyles, en dépit de coûts de revient largement inférieurs, et augmentant continuellement leurs prix à mesure de l’effondrement des coûts de production.

La situation s’est un peu améliorée avec le succès de services de téléchargements légaux comme iTunes, mais a nettement empiré depuis la baisse des ventes de téléchargements au profit de la diffusion en flux continus.

Depuis, de nombreux musiciens ne peuvent vivre des revenus ridicules rapportés par des services comme Spotify, et doivent multiplier les concerts pour survivre.

On peut se demander par exemple comment un abonnement Spotify gratuit peut rémunérer correctement les artistes.

Pourtant ces services sont à peine rentables. À qui profite donc le streaming ?

Aujourd’hui on apprend pourquoi avec une étude menée par Ernst & Young, et rapportée par le site Music Business Worldwide.

Le problème est que les services de streaming paient les maisons de disques, pas les musiciens. Les maisons de disques sont à leur tour censées payer leurs artistes.

Sur les 9,99 € d’un abonnement, 1,67 € part en taxes, 2,08 € pour le diffuseur de flux (Deezer, Spotify,…) et 4,56 € pour les maisons de disques. Il ne reste donc plus que 1 € à se partager par les auteurs, et 0,68 € par les interprètes.

En d’autres termes, après taxes et frais, les maisons de disques s’approprient les trois quarts des paiements de Spotify, Deezer et autres services de diffusion en flux.

Les auteurs doivent se contenter de 16 %, et les musiciens et interprètes 11 %.

On a bien du mal à imaginer les prestations effectuées par les maisons de disques pour justifier des compensations 6 fois supérieures à celles des musiciens, dans une chaîne de travail entièrement numérisée et automatisée. On a l’impression de faire face à un marché de dupes.

Ironiquement, cette étude a été commanditée par la SNEP (Syndicat National de l’édition Phonographique), l’organisme chapeautant les maisons de disques en France, pour tenter de justifier leurs émoluments.