Tidal destinée à l’échec?

Hier, Shawn Carter, plus connu sous son nom de scène, Jay Z, a présenté le service ‘qui va révolutionner la musique’, lors d’une conférence de presse qui a laissé la plupart des observateurs sceptiques.

Il s’agit de la relance du service premium de diffusion de musique en flux, Tidal, racheté à ses propriétaires suédois pour 67 millions de dollars en janvier 2015.

Tidal se différencie de la concurrence comme Spotify en offrant des flux comprimés sans perte, pour une qualité optimale, mais pour un abonnement mensuel de 19,99 $, contre 9,99 $ pour la plupart des services concurrents.

Le service n’avait pas convaincu plus de 15 000 abonnés avant son rachat, peut-il en convaincre suffisamment désormais ?

On peut en douter. D’une part parce que la plupart des clients potentiels n’ont pas un équipement Hi-Fi suffisant pour que la meilleure qualité de diffusion leur saute aux oreilles, et justifie un prix doublé.

Jay Z joue aussi la carte du soutien aux artistes, en promettant de doubler les redevances de diffusion en flux. Un argument plus marketing qui philosophique : les coûts de diffusion en compression sans perte étant marginalement plus élevés qu’en diffusion standard, les artistes pourraient espérer des redevances bien plus que doublées.

Et Tidal devrait logiquement augmenter le niveau de redevance de son nouveau service standard à 9,99 $ par mois qui fait l’impasse sur la compression sans perte.

S’entourer de stars richissimes comme Madonna ou Daft Punk n’est peut-être pas le moyen le plus adroit de plaider la cause, sans doute juste, des artistes. Leur situation a été largement précarisée par la baisse des ventes de musique en téléchargement, imputable à des coûts bien trop élevés qui auraient dû nettement baisser à mesure des économies de production et de distribution réalisée dans un marché numérique.

Mais aussi par des niveaux de redevance de diffusion en flux probablement bien trop bas, surtout quand les maisons de disques ont fini de se servir.

Tidal part donc largement désavantagé, avec une clientèle qui se compte par milliers quand les compétiteurs les comptent par millions, un actionnaire qui a des capacités de financement réduites, et le lancement proche du service de diffusion d’Apple.