Bouygues refuse l’offre de Drahi

Le suspens aura été de courte durée : le conseil d’administration de Bouygues a décidé à l’unanimité de refuser l’offre de rachat par Numericable – SFR de sa filiale Bouygues Telecom pour trois raisons :

Risque d’exécution

Vu le niveau actuel d’endettement d’Altice, et le niveau encore plus dégradé suite à un rachat de cet ordre, le groupe estime qu’Altice n’est pas en mesure de garantir la bonne fin de l’opération.

Dans ces conditions, le risque serait de fait porté par Bouygues.

Sur RTL, le PDG du groupe, Martin Bouygues affirme aujourd’hui :

« Je ne vois pas comment M. Drahi pourrait monter un financement sérieux et en même temps pouvoir assumer tous les remèdes [qui seraient imposés par l’Autorité de la concurrence.] »

En outre, l’offre ne tient pas compte du nouveau tour d’enchère des licences des fréquences de la bande très prisée des 700 MHz qui aura lieu dans les prochains mois.

Perspectives de croissance

Bouygues veut profiter d’une croissance qu’elle anticipe, qui serait portée par le développement exponentiel des usages numériques. L’opérateur et estime être en position de force avec son réseau 4G, son offre sur le fixe et sa percée dans le haut débit.

L’entreprise espère retrouver ses marges de 2011 dès 2017 : 25 % de marge d’Ebitda.

Emploi et partenaires

Le groupe affirme être soucieux de l’impact d’une telle opération sur ses salariés et ses partenaires. Bouygues Telecom a toujours cherché à minimiser les licenciements. Elle a certainement aussi entendu l’inquiétude du gouvernement, et notamment du ministre de l’économie Emmanuel Macron. Même Martin Bouygues a affirmé aujourd’hui sur RTL qu’il n’avait pas subi de pression politique.

 

D’un point de vue financier, l’offre était très tentante, puisque le montant de l’offre sur la filiale Bouygues Telecom n’était pas loin de la capitalisation boursière du groupe Bouygues dans son ensemble.

Certains administrateurs auraient toutefois affirmé que l’offre manquait de sérieux.