Apple contre FBI: une audience du Congrès improductive

Le Comité Judiciaire de la Chambre des représentants des États-Unis a passé plus de cinq heures mardi à discuter du différend qui oppose Apple au FBI, sur la possibilité et l’étendue éventuelle d’une aide technique du premier au second, pour débloquer l’iPhone utilisé par le terroriste de la fusillade de San Bernardino.

Malheureusement, rien n’a été fait pour tenter de trouver une solution ou de confronter les vues: les deux camps étaient séparés en deux tables rondes distinctes. D’un côté, James Comey, le directeur du FBI. De l’autre, Bruce Sewell, le directeur juridique d’Apple, Susan Landau, une experte en cryptologie, et Cyrus Vance,  procureur de New York.

On a donc largement assisté à une redite des arguments exposés par les uns et par les autres dans les médias depuis quinze jours.

Comey affirme que la cryptographie ne doit pas mener à un monde où les perquisitions sont impossibles.

Sewell affirme qu’Apple est engagée dans une course aux armements avec les ‘criminels, les cyberterroristes et les pirates.’

Comey réaffirme que le FBI ne cherche pas une porte dérobée, mais demande simplement à Apple de retenir les chiens de garde afin de pouvoir crocheter la serrure de la porte.

Les deux camps ont affirmé qu’ils souhaitaient que le Congrès, et non des juges, tranche le débat avec une loi, mais James Sensenbrenner, un député américain, a confié à Sewell qu’il n’aimerait pas la réponse du Congrès, et lui a reproché de n’avoir dit que « non, non, non, non » au lieu de faire des propositions concrètes.

James Comey est apparu confiant et compétant, contrairement à des députés dont les interventions ont souvent montré les limites de leur compréhension de la technologie, parfois montré une incompétence en citant à tort et à travers les mauvaises lois, et quelques fois en énonçant ce qu’il semble difficile de qualifier autrement que d’idioties *.

À propos d’Apple, il dit :

« Apple ne se conduit pas de manière irresponsable, ils agissent dans leur intérêt. Ils vendent des smartphones, ils ne vendent pas des libertés civiles. »

Pressé d’attaquer la firme il répond :

« Il n’y a pas de démons dans ce débat. »

Quand on lui demande si la loi de 1789 All Writs Act n’est pas une loi trop vieille pour forcer Apple à contourner les protections il note :

« Vieux n’est pas synonyme de mauvais. La Constitution est plus vieille, et je trouve que c’est un document bien utile. »

 

* Trey Gowdy, représentant de la Caroline du Sud, cherchant un lien entre le corps humain et l’iPhone, ou Darell Issa affirmant qu’il suffisait au FBI de copier la mémoire non volatile du smartphone, de la répliquer 10 000 fois et d’essayer 10 000 combinaisons en quelques heures.