Dropbox abandonne AWS au profit de ses propres infrastructures

Opter pour sa propre solution

Le service de stockage de fichiers dans le nuage Dropbox vient de dévoiler  qu’il avait migré la très grande majorité des fichiers de ses clients, hébergés jusqu’alors dans le service de stockage  Amazon S3, dans ses propres infrastructures, son propre système de stockage et même son propre système de fichiers.

Dropbox fait parti de cette génération de start-up ayant débuté dans le nuage, avec un minimum d’infrastructure propre, ce qui leur a permis de limiter au maximum les investissements tout en profitant de l’élasticité du cloud.

Il est singulier pour une entreprise de quitter le cloud car il y a très peu d’entreprises qui peuvent prétendre faire mieux qu’un AWS, un Azure ou un Google à l’hyperéchelle, pour un prix plus bas.

Sur son blogue, Dropbox affirme que la première raison est la performance, en tant que facteur clé de différentiation pour le client. Dropbox avait toujours géré les métadonnées des fichiers en interne. En stockant aussi les fichiers en interne, Dropbox peut optimiser le matériel comme le logiciel pour ses besoins uniques.

La deuxième raison invoquée est l’exploitation de l’échelle pour minimiser les coûts. Aujourd’hui, Dropbox héberge 500 péta octets de données. Elle estime qu’il y a moins de dix entreprises dans le monde à stocker autant de données. Aucune solution open source ne fonctionne à son échelle.

Transition

Dès 2013, l’entreprise engage de brillants informaticiens pour travailler sur le système logiciel, nom de code Magic Pocket, qui doit permettre de stocker des centaines de péta octets de fichiers, chiffrés au repos, avec une exigence de durabilité de 99.9999999999 %, et une disponibilité de 99,99 %.

Parallèlement, l’entreprise créée ses propres serveurs de stockages, nommés Diskotech et pouvant chacun héberger un péta octet de données.

Magic Pocket est lancé secrètement en août 2014. Fin février 2015 Dropbox stocke et sert pour la première fois des fichiers entièrement en interne.

L’entreprise équipe alors trois centres et migre les données d’Amazon S3 aussi vite que possible.

En octobre 2015 Dropbox atteint son objectif d’hébergement de 90 % des technologies en interne.

Dropbox n’abandonne pas complètement AWS. Elle offre la possibilité pour ses clients européens d’héberger leurs fichiers dans les centres de traitement de données d’AWS en Allemagne.

Une stratégie risquée ?

La stratégie d’indépendance de Dropbox n’est pas sans risque, ni pour elle, ni pour ses clients.

L’entreprise est privée, on ne sait donc pas si elle perd de l’argent, mais si l’on examine la concurrence comme Box, c’est assez probable. Dropbox a réussi à lever des fonds il y a deux ans sur la base d’une valorisation de dix milliards de dollars. Aujourd’hui, ses investisseurs principaux évaluent l’entreprise à moins de cinq milliards.

La valeur ajoutée des services de stockage comme Dropbox est limitée, et le marché ne manque pas de compétiteurs : Box, Amazon Zocalo, Microsoft OneDrive, Google Drive. On est tenté d’affirmer : tous ces changements pour aucune fonctionnalité nouvelle pour le client, ni aucun progrès perceptible.

Dropbox n’a que quelques années d’expérience de gestion de ses centres, n’a jamais connu de catastrophe et n’a jamais eu à réagir à des situations critiques. On n’a donc aucun repère sur la qualité ou non des équipes de secours, des procédures, et des redondances de matériels comme de réseaux.

Enfin, quel que soit l’extraordinaire talent de ses développeurs, aucun système logiciel est sans bogue. En décidant de tout faire soi-même, l’entreprise pourra difficilement se faire aider en cas de difficulté. Il est particulièrement frappant de constater que Dropbox se sente obligée de développer ses propres matériels, quand Google, le champion du fait maison, décide d’intégrer l’Open Compte Project.