Le fonds spéculatif Starboard Value LP, qui se présente comme un actionnaire activiste, aurait mis à exécution sa menace de janvier 2016 de bousculer le conseil d’administration de Yahoo, s’il ne transformait pas l’entreprise suffisamment rapidement: *
« Si le Conseil d’administration n’est pas disposé à accepter la nécessité d’un changement important, une course électorale pourrait bien être nécessaire afin que les actionnaires puissent remplacer une majorité du Conseil d’administration avec des administrateurs qui représenteraient leur intérêt et qui aborderaient la situation avec un esprit ouvert et une perspective nouvelle. »
Le fonds ne semble pas avoir apprécié la nomination le 10 mars 2016 de deux administrateurs, sans avoir été consulté.
D’après une lettre aux investisseurs dont le Wall Street Journal a pu se procurer une copie, le fonds va chercher à faire élire neuf administrateurs au conseil d’administration.
Starboard, qui affirme détenir 1,7 % de Yahoo, accuse le conseil d’administration et la direction de Yahoo de ne pas avoir tenu leur promesse: on ne pourrait donc pas leur faire confiance pour décider si Yahoo doit rester une entreprise indépendante ou non.
Depuis 2012, Marissa Mayer tente, à grand renfort d’acquisitions externes et sans succès, de relancer Yahoo, dont la quasi totalité de la valeur est liée à ses participations dans Alibaba et Yahoo Japan. Mayer reste persuadée qu’elle serait un atout à la direction d’un Yahoo restructuré, une option qui semble tout à fait improbable.
Il y a plus d’un an, Starboard Value avait exigé que Yahoo sépare sa participation dans Alibaba et donne des actions de la nouvelle société au prorata de leur participation dans Yahoo. Comme un tel montage n’aurait finalement pas permis à Yahoo d’éviter de payer des taxes, Starboard Value a milité pour l’action inverse : vendre le cœur de métier de Yahoo, ses activités Internet, à des tiers, ce qui réduirait de façon drastique la facture fiscale.
La direction de l’entreprise est censée rencontrer les repreneurs intéressés, dont l’opérateur mobile américain Verizon, qui pourrait marier Yahoo à sa filiale AOL.
D’après la rumeur, la direction de Yahoo aurait fait preuve de très peu d’empressement à rencontrer les éventuels repreneurs, et à formuler des offres concrètes.
En forçant Starboard Value dans une course aux procurations avant le 26 mars 2016, Mayer veut émuler le succès d’Ellen Kullman, la PDG de DuPont, qui a réussi à se défendre contre l’investisseur activiste Nelson Peltz en juin 2015. Si elle perd, ses jours à la direction de Yahoo seront comptés.
* Traductions: Le Diligent