Acquisition de SolarCity par Telsa: collusion familiale ?

Elon Musk, le PDG du constructeur automobile Tesla, veut racheter SolarCity, un installateur de panneaux solaires pour 2,86 milliards de dollars, soit une prime de 35 % sur le cours de l’action.

Pour Musk, l’acquisition ‘va de soi’, et transformerait Tesla en la seule entreprise d’énergie verte intégrée verticalement au monde.

Pourtant, l’annonce a été très mal perçue : si la capitalisation boursière de SolarCity a grimpé de 500 millions de dollars, celle de Tesla a perdu 4,1 milliards. Soit des cours de Bourse respectivement en hausse après la clôture de 29 %, et en baisse de 14 %.

Le Crédit Suisse prédit que l’acquisition a entre 20 et 40 % de chances de se réaliser.

SolarCity est une machine à produire des pertes

Fondée en 2006, SolarCity, bien qu’étant devenu le premier fournisseur d’énergie solaire aux États-Unis, n’a jamais accumulé que des pertes.

En deux ans, l’entreprise a multiplié ses dettes par 8, de 206 millions au premier trimestre 2014 à 1 628 millions au premier trimestre 2016, et dix ans après sa création, elle ne produit toujours pas de flux de trésorerie positif.

Sur les quatre derniers trimestres, SolarCity a dépensé 6 $ pour chaque dollar de vente. Pourquoi ajouter ce fardeau à Tesla, une entreprise qui n’a jamais gagné d’argent, et qui a dépensé durant la même période 0,50 cent pour chaque dollar de chiffre d’affaires ?

Cette acquisition ressemble à un sauvetage à prix fort, puisqu’elle valorise SolarCity à 12,6 fois le chiffre d’affaires alors que d’après Bloomberg, sur les cinq dernières années, le ratio moyen pour les entreprises du secteur était de 5,7.

Une logique industrielle douteuse

Si l’acquisition de start-up ou d’entreprises spécialisées dans la production de batteries peut apporter un avantage concurrentiel au fabricant de voitures électrique, les panneaux solaires sont une tout autre activité. On a tellement de mal à voir le rapport que Tesla va organiser une deuxième conférence téléphonique en deux jours pour tenter de convaincre ses investisseurs.

Pour se diversifier, Tesla a lancé l’an derniers des batteries pour la maison, les PowerWall, d’un intérêt tant pratique que financier pour l’acheteur qui n’est pas évident. La gamme n’est pas un succès et une référence a déjà été abandonnée.

On peut aussi se demander si le moment est bien choisi, alors que Tesla n’arrive pas à produire ses voitures assez vite, et alors qu’elle annonce des ventes mirobolantes por son futur modèle milieu de gamme, le Model 3.

SolarCity, une affaire de famille

SolarCity est une entreprise co-fondée par deux cousins d’Elon Musk : Lyndon Rive, son PDG, et Peter Rive, son directeur technique. Musk est le président d’administration de SolarCity, et son premier actionnaire avec 22 % des parts.

Il est également PDG de Tesla, et son premier actionnaire avec 21 % des parts.

Il n’a d’ailleurs pas hésité par le passé à faire acheter à sa troisième entreprise SpaceX, des obligations de SolarCity.

L’acquisition doit être acceptée par les actionnaires des deux entreprises. Si Musk a accepté de ne pas voter, la transaction est éthiquement douteuse, et il semble fort probable que les conflits d’intérêts la rendent illégale.

Il est difficile d’imaginer qu’aucun investisseur ne poursuivra les deux entreprises en justice si l’acquisition était votée.