© Eric Draper / HPE

Itanium: Oracle devra compenser HPE de 3 milliards de dollars

Un jury de la Cour supérieure de Californie, Santa Clara, a donné raison à Hewlett Packard entreprise, et décidé qu’Oracle devrait lui payer 3 milliards de dollars en dommages et intérêts, pour avoir contribué au déclin de l’activité lucrative d’une gamme d’ordinateurs haute performance.

HPE, alors encore Hewlett Packard, avait accusé Oracle en 2011 d’avoir enfreint les clauses d’un contrat entre les deux entreprises, en décidant unilatéralement d’abandonner le développement de son système de gestion de bases de données relationnelles (SGBD) sur les ordinateurs à base de processeure Intel Itanium.

Oracle a déjà annoncé qu’elle ferait appel de la décision. Elle affirme n’avoir rien à se reprocher, et simplement avoir suivi l’annonce par Intel de l’abandon de l’Itanium. Ce qu’Intel réfute.

Le procès devant jury a débuté le 31 mai. HPE a estimé le préjudice à 1,7 milliard de dollars en ventes perdues avant la procédure, et 1,3 milliard de dollars en futures ventes.

L’Itanium, lancé en 2001 avec pour seul client Hewlett-Packard, était le premier processeur 64 bits d’Intel. En faisant table rase du passé et de la compatibilité avec le jeu d’instruction x86, la nouvelle gamme de processeurs visait le marché des serveurs haut de gamme.

Itanium voulait dépasser les clivages RISC et CISC, avec les paradigmes EPIC, explicit parallel instruction computing, et VLIW, very long instruction word.

Censée être supérieure aux architectures RISC et CISC du moment, les performances de l’Itanium étaient exécrables, surtout pour les systèmes d’exploitation et les applications pour lesquels il devait émuler le jeu d’instruction x86.

Étant en plus hors de prix et consommant beaucoup d’énergie, l’Itanium a rapidement gagné le surnom d’Itanic, et a été qualifié à l’époque de plus grand fiasco des cinquante dernières années.

L’itanium a bien failli couler Intel, car AMD avait entre-temps conçu, avec l’aide du légendaire Dave Cutler de Microsoft, l’architecture 64 bits x64, moins révolutionnaire, et une évolution de l’architecture x86. Ce fut la direction que l’industrie a suivie, forçant Intel, le propriétaire de l’architecture x86, à adopter le jeu d’instruction x64 pour rester pertinent.

Quelques années après son lancement, Microsoft et Red Hat annonçaient l’abandon des développements pour Itanium, au vu du manque d’intérêt de la clientèle. Le 22 mars 2011, Oracle annonçait la fin des développements pour Itanium, tout en continuant à offrir un support pour les logiciels existant.

Finalement, Oracle a continué à développer son SGBD pour Itanium, suite à une autre décision de justice, dont elle a également fait appel.