La start-up Yik Yak, un temps valorisée 400 à millions, est cédée à trois millions

L’une des caractéristiques principales des start-up technologiques est la valorisation astronomique, voire démentielle, dont elles bénéficient, comme si elles pouvaient toutes viser des dizaines ou centaines de millions, voire des milliards de clients, à qui elles factureraient des services, ou qui lui rapporteraient des énormes revenus publicitaires.

On pense bien évidemment à la plus grosse d’entre elle, Uber, valorisée près de 70 milliards de dollars, et qui, même en perdant près d’un milliard par an chaque année depuis sa création à coups de courses soldées et de chauffeurs subventionnées, est incapable de retenir ses chauffeurs ou de dégager le moindre bénéfice.

Un exemple récent est Yik Yak, une start-up qui a fait du bruit en 2013 en proposant une application mobile de discussion anonyme de groupe dans un rayon géographique limité, comme le campus d’une université.

Comme souvent avec les applications mobiles gratuites pour jeunes, l’application est populaire. La start-up réussit fin 2014 à lever 75 millions de financement sur une valeur d’entreprise de 400 millions de dollars.

L’anonymat est une valeur essentielle du cyberespace, sans lequel les gens s’autocensurent et ne peuvent plus converser authentiquement.

Malheureusement, l’anonymat est une arme à double tranchant. Il peut réveiller les instincts les plus bas, l’appli devient alors un terrain fertile pour le racisme, la misogynie, et parfois les harcèlements.

Ce qui expliquerait pourquoi le nombre d’utilisateurs actifs de Yik Yak ne se conterait plus qu’en quelques dizaines de milliers.

Du coup, c’est Square, l’autre entreprise de Jack Dorsey, le CEO de Twitter, qui la rachète pour moins de 3 millions de dollars…

Les investisseurs ayant acheté au plus haut auront perdu 133 fois leur mise de départ.

Et Square peut agrandir à bon prix son équipe d’ingénieurs.

Avec le bénéfice du recul, on peut penser que Yik Yak aurait dû suivre l’exemple de Secret, une start-up concurrente, qui a rendu l’argent à ses actionnaires et fermé, quand elle s’est aperçue que son appli n’avait pas d’avenir.