Gemalto choisit Thales

Le 28 novembre 2017, Atos remettait secrètement une offre amicale de rachat au Conseil d’administration de Gemalto.

Une offre qu’elle rendait publique le 11 décembre 2017 : 46 euros par action en numéraire, pour un total d’environ 4,3 milliards d’euros, une prime de 42 % sur le cours de Gemalto au 8 décembre 2017.

Thierry Breton, PDG d’Altos, notait la complémentarité des deux groupes, Gemalto se transformant ces dernières années en acteur de référence de la sécurité numérique, de l’Internet des objets et du paiement.

Le 13 décembre, le Conseil d’administration de Gemalto rejetait l’offre « non sollicitée » d’Atos, estimant que le groupe était mieux positionné pour l’avenir en faisant cavalier seul, et que l’offre d’Atos sous-évaluait la valeur de Gemalto, avec une prime de seulement 3,5 % sur le cours moyen de son action sur les douze derniers mois.

Atos réitérait son offre, sans la changer, le même jour, et annonçait préparer toutes les notifications réglementaires devant être déposées auprès de l’autorité de marché néerlandaise pour une offre publique d’achat, Gemalto étant cotée sur Euronext Amsterdam.

Dimanche, Thales et Gemalto annonçaient conjointement un accord de fusion, avec le rachat de Gemalto par Thales pour 51 euros par action, également entièrement en numéraire, soit 10,9 % de plus que l’offre d’Atos.

Philippe Vallée, le CEO de Gemalto, s’est bien gardé de rappeler qu’il avait prôné un futur indépendant quelques heures auparavant, en affirmant qu’il était convaincu que la fusion avec Thales était la meilleure et la plus prometteuse option pour Gemalto.

Dans toutes ses comparaisons, Gemalto a d’ailleurs omis de comparer l’offre de Thales avec le cours de l’action de Gemalto au cours des 12 derniers mois, comme elle l’avait pourtant fait pour l’offre d’Atos.

Deux observations d’ailleurs mentionnées par l’analyste de Natixis lors de la conférence téléphonique de ce matin.

Quelques heures plus tard, le Conseil d’administration prenait acte de l’offre de Thales, et décidait de ne pas surenchérir.

Thales, qui s’engage à préserver l’emploi en France pour Gemalto jusqu’en 2019, vise des économies de synergie de 100 à 150 millions d’euros d’ici 2021. La suppression de 10 % des effectifs en France, soit 288 employés, annoncée fin novembre, reste d’actualité.

L’offre est notamment conditionnée par l’acceptation des actionnaires sur la vente d’au moins 67 % des actions, conformément à la réglementation néerlandaise. La transaction devrait se clore lors du deuxième semestre 2018.

Gemalto a connu une croissance extraordinaire avec l’adoption de la carte à puces. Depuis, cette activité est en déclin, et menacée par des initiatives telles que la eSIM, une carte SIM électronique, tout comme l’activité connexe de service de paiements, alors que le téléphone mobile commence, en partie, à remplacer les cartes de paiement.

Gemalto emploie 15 000 personne dans le monde. La marque sera conservée par Thales.