Spotify prépare son introduction en bourse à New York

Le numéro un mondial de la diffusion en flux continus de musique Spotify, a envoyé son formulaire F-1 à l’United States Securities and Exchange Commission (SEC), le régulateur américain de la Bourse.

C’est la première étape pour son introduction en Bourse (IPO) au New York Stock Exchange (NYSE). L’action, dont le symbole serait SPOT, pourrait s’échanger sur le NYSE dès le 26 mars 2017.

Contrairement à une IPO classique, aucune nouvelle action ne serait offerte. Les actions Spotify existantes seront directement cotées à un prix décidé par le marché, sans que des banques servant d’assureurs ne fixent le prix des actions, les allouent aux investisseurs, et soutiennent les échanges.

Un procédé qui a pour avantage de coûter beaucoup moins aux investisseurs, le Financial Times mentionne 35 millions de dollars, à comparer aux 100 millions de dollars pour l’IPO de Snap, avec pour risque une plus grande incertitude.

Malgré un vent de révolte contre l’actionnariat à deux vitesses, les deux fondateurs de Spotify conserveront leurs actions spéciales, qui leur confèrent des droits de votes bien supérieurs à leurs parts : 80.4 % des droits de votes pour 38,9 % des actions.

Le prospectus mentionne la levée d’un milliard de dollars, mais il s’agit probablement d’un élément de substitution.

Fondée en 2008, l’entreprise suédoise Spotify AB, détenue à 100 % par la holding luxembourgeoise Spotify Technology S.A, est devenue numéro un du streaming de musique dans le monde. Au 31 décembre 2017, elle comptait 71 millions d’abonnés payants, soit environ deux fois plus qu’Apple Music, son premier concurrent, ainsi que des abonnés au service gratuit, financé par la publicité, pour un total de 159 millions d’utilisateurs actifs mensuels.

En quelques années, le streaming est devenu la première source de chiffre d’affaires de l’industrie de la musique, devant les téléchargements payants et les supports matériels (CD, vinyle). Pour autant, de nombreux musiciens estiment que le streaming ne leur rapporte pas assez, et profite avant tout aux géants technologiques comme Spotify, Apple ou Google.

Son chiffre d’affaires en 2017 s’élève à 4,09 milliards d’euros, soit un taux de croissance de 45 % sur les trois dernières années.

En 2017, l’entreprise a perdu 1,23 milliard d’euros. Le prospectus ne mentionne pas le taux de croissance des pertes sur les trois dernières années. Nous l’avons calculé : 132 %… Spotify n’a jamais gagné un seul euro de profit.

Le fonds de roulement est passé en un an de 689 à 38 millions d’euros.

Pour Spotify, le marché du streaming en est encore à ses débuts, et la clientèle potentielle serait tout internaute, soit 3,6 milliards de personnes en 2017. Sur les 61 pays dans lesquels elle est présente, plus de 1,2 milliard de personnes ont un smartphone qui peut envoyer des paiements, un chiffre qui devrait atteindre 1,6 milliard en 2021.

L’entreprise se différencierait par :

  • Son échelle, qui lui permettrait d’offrir un service personnalisé et différencié ;
  • Une expérience utilisateur supérieure ;
  • Ses listes de lecture, qui seraient le moteur principal de la découverte de musique et de la création de la demande.

Parmi la longue liste de risques associés avec Spotify et la possession de ses actions ordinaires, on notera :

  • La capacité à attirer de nouveaux utilisateurs et à retenir les utilisateurs existant ;
  • La dépendance aux licences tierces pour la musique ;
  • La capacité à respecter les nombreux et complexes accords de licence ;
  • La capacité à dégager suffisamment de chiffre d’affaires pour être rentable.