Enterrement de victimes civiles d'attaques de drones américains au Pakistan
Enterrement de victimes civiles d'attaques de drones américains au Pakistan

Des universitaires incitent Google à abandonner le projet Maven

Project Maven est un projet militaire américain visant à améliorer le ciblage des attaques par drone à l’aide de l’intelligence artificielle, tout comme de déterminer des cibles potentielles. Il a été attribué à Google.

Lettre ouverte d’employés de Google

Début avril, plusieurs milliers d’employés de Google ont adressé une lettre ouverte à leur CEO, Sundar Pichai, pour protester contre la participation de l’entreprise à un projet militaire.

Ils affirmèrent que Google ne devrait pas être impliquée dans les affaires de la guerre.

D’abord parce que cela pourrait porter définitivement atteinte à son image, et sa capacité à recruter des talents.

Ensuite parce que « nous ne pouvons pas sous-traiter la responsabilité morale de nos technologies à des tiers. »

En vain, puisque la direction de Google n’a pas changé d’avis, présentant le projet comme non offensif par nature.

En mai, des collaborateurs de Google ont tiré les conséquences de ce refus, et ont démissionné.

Lettre ouverte de l’ICRAC

Hier, des centaines d’universitaires du monde entier, professeurs et chercheurs, dans le domaine des technologies de l’information, ont signé une lettre ouverte, sous l’égide de l’ICRAC, comité international pour le contrôle des robots militaires.

Elle est adressée à Larry Page, CEO d’Alphabet, Sundar Pichai, CEO de Google, Diane Greene, CEO de Google Cloud, et Fei-Fei Li, chercheur en chef pour l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique, vice-président de Google Cloud.

Elle soutient les employés de Google qui s’opposent à la participation de leur entreprise au Project Maven.

Elle conseille à Google de refuser de développer des technologies militaires. Elle s’inquiète de l’utilisation éventuelle des données personnelles qu’elle collecte, à des fins militaires. Elle implore Google de rejoindre de nombreux chercheurs et professionnels de la robotique et de l’intelligence artificielle, pour appeler à la création d’un traité international contre les systèmes d’armement autonomes.

Les premières expérimentations du Project Maven ont eu lieu au Moyen-Orient sur un petit drone ScanEagle. Ils devraient se poursuivre sur des Predator et Reaper avant de terminer avec Gorgon Stare, un drone qui peut examiner des villes entières.

Avec sa participation, Google s’implique dans des assassinats ciblés*, y compris des assassinats basés sur des probabilités, dont la légalité sous le droit international et sous le droit américain est mise en question.

Alors que le projet est présenté comme un outil d’aide pour des analystes humains, il ouvre la voie aux drones qui tueraient en toute autonomie.

En conclusion, la lettre demande à Google, et à sa maison mère Alphabet, d’abandonner le Project Maven, de s’engager à ne pas développer des technologies militaires, ni de permettre aux données personnelles collectées d’être utilisées dans des opérations militaires, de s’engager à ne pas participer et ne pas soutenir le développement, la fabrication ou l’utilisation d’armes autonomes, et de soutenir les efforts pour l’interdiction de ces dernières.

 

 

* NdE:

Les États-Unis est le pays qui a lancé le plus d’attaques par drones. Sous la présidence de Barack Obama, les militaires ont lancé dix fois plus d’attaques que sous le président Bush junior, soit près de 600 frappes, tuant entre 400 et 807 civils, alors que leur précision était qualifiée de ‘chirurgicale’. Une estimation qui ne tient pas compte des morts dans les champs de bataille.

Obama ne s’est jamais excusé pour les dommages collatéraux ou les erreurs, comme le bombardement d’hôpitaux civils. Ou d’un bombardement censé viser Al Quaelda au Yémen, mais décimant à la place une tribu, tuant 55 civils, dont 21 enfants et 12 femmes, la moitié des femmes enceintes.

Rien qu’en 2016, les attaques par drone d’Obama ont tué près de 2 000 personnes au Pakistan, Yémen, Somalie et Afghanistan, dont une centaine de civils.