IBM acquiert RedHat

IBM annonce la signature d’un accord portant sur l’acquisition de RedHat pour 190 dollars par action, entièrement en numéraire, pour une valeur totale d’entreprise de 34 milliards de dollars (29,8 milliards d’euros), sa plus grande acquisition à ce jour. La transaction devrait se clore à la fin du premier semestre 2019.

Fondée en 1983, RedHat, dont le siège social se situe à Raleigh en Caroline du Nord, a commencé par offrir une distribution Linux pour les grandes entreprises, en commercialisant formation, support et services.

Puis elle a élargi le cadre de ses activités avec l’acquisition de JBoss, vendeur de l’intergiciel éponyme, et d’autres acquisitions d’éditeurs de logiciels qu’elle a placé en code source ouvert.

RedHat est devenue la première entreprise open source à dépasser le milliard de dollars de chiffre d’affaires en 2012.

Aujourd’hui, l’entreprise est présente dans les systèmes d’exploitation, les intergiciels, les applications, le consulting, le support technique et la formation. Elle emploie 12 000 personnes. Lors de son exercice fiscal 2018, qui s’est terminé en février, son chiffre d’affaires s’élevait à 2,9 milliards de dollars (2,5 milliards d’euros) pour un résultat net de 258 millions de dollars (226 millions d’euros).

RedHat va intégrer la division IBM Hybrid Cloud, mais restera indépendante, et conservera son équipe de direction actuelle.

Avec cette acquisition, IBM veut accompagner les entreprises sur les 80 % du trajet qui leur resterait vers une informatique en nuage.

Ginni Rometty, présidente et CEO d’IBM commente :*

« L’acquisition de Red Hat change la donne. Elle change tout sur le marché du nuage. IBM deviendra le premier fournisseur de cloud hybride au monde, offrant aux entreprises la seule solution ouverte à exploiter pleinement le potentiel du nuage pour les entreprises. »

Une affirmation bien téméraire, qui nous semble avoir peu de sens si l’on s’en tient aux définitions classiques du nuage et l’on continue de penser que Microsoft reste, de très loin, le numéro un du nuage hybride. Il nous semble que la prime de 64 % sur le cours de l’action RedHat de vendredi, ainsi qu’une transaction entièrement en numéraire, indiquent la position de faiblesse dans laquelle se trouvait IBM.

D’autant que les résultats du dernier trimestre de RedHat, ainsi que ses prévisions pour le trimestre en cours, avaient déçu les analystes financiers.

Avec cette acquisition, IBM acquiert une entreprise dont l’essentiel du chiffre d’affaires est composé d’abonnements, avec une croissance annuelle d’environ 20 % du chiffre d’affaires et pas de croissance du bénéfice.

RedHat est un acteur de premier plan de l’open source, mais son acquisition par IBM pourrait troubler les autres fournisseurs d’informatique en nuage, qui pourraient commercer à lui préférer d’autres distributions Linux, comme SUSE Enterprise.

Au troisième trimestre 2018, IBM a désappointé avec un chiffre d’affaires de 18,8 milliards de dollars, en baisse de -2 %, et un résultat net de 2,7 milliards de dollars, en recul de -1 %, après six années quasi ininterrompues de contraction de l’activité, sous la direction de Rometty, pour un total proche de -25 %.

C’est l’activité des ordinateurs centraux qui soutient IBM, bien plus que les « impératifs stratégiques » concoctés par sa direction.

 

* Traduction: Le Diligent