Le pistage des utilisateurs d’Android serait illégal en Europe

La plainte

Huit associations de consommateurs en Europe, de Norvège, de Pologne, des Pays-Bas, de la République Tchèque de la Slovénie et de la Suède, menées par l’association norvégienne Forbrukerrådet, portent plainte contre Google, qu’ils accusent d’exploiter des designs trompeurs et des informations fallacieuses afin que l’utilisateur d’Android accepte d’être pisté en permanence.

Google piste les utilisateurs avec l’« historique des positions » pour la géolocalisation, et l’« activité sur le Web et les applications », avec des informations très détaillées, qui sont intégrés à tous les comptes Google. Pour les utilisateurs de téléphones mobiles avec le système d’exploitation Android, il est remarquablement difficile de refuser d’être pisté.

Ces informations peuvent révéler énormément sur une personne et son intimité : ses mouvements en temps réel, ses lieux préférés, sa routine quotidienne, ses intérêts, etc. Le pistage constant et l’agrégation des données dans le temps peuvent être exploités pour développer des profils très détaillés, et inférer la religion, l’appartenance politique, l’orientation sexuelle, et bien d’autres dimensions.

Dans « Every Step You Take » (Chaque pas que tu fais), une étude de 45 pages remarquablement détaillée qui a servi de base à la plainte, Forbrukerrådet décrit toutes les tactiques exploitées par Google, en contravention du Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) qui s’applique dans tout l’Espace Économique Européen, pour forcer la main du consommateur.

Trompé à dessein

On peut les résumer en cinq points :

Flux de clics trompeur

Lors de la configuration d’un appareil Android, le flux de clics est trompeur et incite l’utilisateur à accepter l’historique des positions sans s’en rendre compte. Ce qui est en infraction avec le RGPD, qui exige un consentement informé et donné librement.

Réglages par défaut cachés

Quand on crée un compte Google, les réglages pour l’activité sur le Web et les applications sont cachés derrière des clics supplémentaires, et sont autorisés par défaut.

Informations trompeuses

Les informations qui sont fournies à l’utilisateur pour l’aider à choisir une option sont trompeuses sur les informations qui sont collectées et sur leurs exploitations. Par exemple, l’exploitation des données de géolocalisation à des fins publicitaires, est cachée derrière des clicks supplémentaires.

Pression répétée

Un utilisateur qui a refusé l’activation de l’historique de localisation lors de la configuration de son téléphone, se verra quand même demandé à de multiples reprises par les différents services de Google de bien vouloir l’activer.

Groupement des services

Avec le groupement de ses services, Google, au lieu de proposer des choix granulaires, impose le tout ou rien, qui ressemble de près à un ultimatum. Il est ainsi impossible de limiter le pistage de la géolocalisation à la prise de photographies ou à l’utilisation de l’assistant Google.

Les demandes

Finalement, les associations de consommateurs reprochent à Google de ne pas donner la possibilité d’effectuer un choix clair, libre, spécifique et informé, ni de laisser les utilisateurs prendre le contrôle de leurs données personnelles avec facilité, en contravention avec le RGPD.

Ils réclament que les agences en charge de la protection des données enquêtent sur toutes les inquiétudes mentionnées, en particulier si Google a une base légale pour le traitement des données de localisation, si l’entreprise informe le consommateur sur la base légale pour le traitement de ses données de localisation et sa finalité ; si les règles sur le consentement sont respectées ; si les artifices de conception graphique exploités par Google sont conformes aux articles 5.1 et 25 du RGPD.

Ils réclament l’arrêt de tout traitement illégal des informations de géolocalisation, ainsi que l’imposition d’une amende efficace, proportionnée et dissuasive.