Événement médiatique de la dernière chance ? La journée de l’autonomie de Tesla ne convainc pas

Lundi, Tesla a présenté son Autonomy Investor Day, durant lequel Elon Musk et ses sbires ont réitéré les promesses d’une conférence de presse de 2016 : ses voitures sont entièrement équipées pour l’autonomie, seuls quelques mises à jour logicielles de l’Autopilot nous séparent de l’autonomie, et Tesla va constituer une flotte d’un million de robots taxis d’ici un an.

Elle sera composée de voitures lui appartenant, notamment des voitures après quelques années de crédit-bail, voire à des particuliers, qui seront rémunérés. Tesla comme ses clients pourront donc gagner de l’argent facilement pendant leur sommeil, en ne faisant rien.

C’est pourquoi Musk s’exclame qu’aujourd’hui, il faut être fou pour acheter tout autre véhicule qu’une Tesla.

Ses talents d’illusionniste s’amoindrissent à mesure que les annonces chocs s’enchaînent, sans réel changement :

  • Présentation d’un Model Y qui n’existe pas ;
  • Annulation de la Model 3 000 à 35 000 $ – et la quasi-certitude qu’aucune n’a ni été produite, ni été vendue ;
  • Abandon de tous ses locaux commerciaux physiques et passage exclusif à la vente en ligne, avant de s’apercevoir que ses loueurs feraient respecter les contrats ;
  • Vidéo du seul prototype existant de semi-remorque en train de transporter des voitures.

Alors qu’il y a six mois, n’importe laquelle de ses annonces les plus farfelues et les moins réalistes faisaient bondir le cours de l’action de Tesla, l’Autonomy Day se conclut avec une baisse de 3,85 % à 262,75 $.

Les principaux points qui ont laissé les analystes financiers perplexes :

  • L’annonce de la nouvelle carte électronique fait maison « full self driving (FSD) » au cœur de la voiture, en remplacement de la carte Drive de Nvidia, avec des prétentions de performances improuvées et des graphiques trompeurs – 144 trillions d’opérations par seconde, contre 21 pour une NVIDIA Xavier. S’il s’agit bien de « la meilleure puce du monde », pourquoi avoir recours à des comparaisons malhonnêtes* ?
  • Les Tesla produites jusqu’ici peuvent être mises à jour avec la nouvelle carte pour 7 000 $. Toutefois, en 2016, Musk avait déjà annoncé que tous les équipements nécessaires à l’autonomie étaient intégrés dans ses voitures, et que l’autonomie n’était qu’à quelques mises à jour logicielles ;
  • Tesla promet depuis longtemps l’autonomie, mais son Autopilot n’est noté que 2 sur l’échelle d’autonomie, 5 étant l’autonomie complète, sans aucune intervention humaine. L’autopilot n’est qu’un système d’aide à la conduite parmi d’autres, avec un nom pour le moins trompeur ;
  • Le refus de Tesla d’équiper ses voitures de Lidar, un radar plus des caméras étant suffisantes, alors que des tests ont montré à quel point il était facile de tromper son système par simples ajouts de dessins sur la chaussée ;
  • Le coût au mile du robot taxi – une Tesla passée soudainement du niveau 2 au niveau 5 de l’autonomie – serait 0,18 $, un chiffre que Musk reconnaît avoir sorti de son chapeau, et sera facturé 1 $ au client. Le propriétaire de la Tesla conserverait 70 à 75 % des revenus ;
  • Des chiffres bien optimistes : à supposer que ce marché existe dans les prochaines années, il faudra compter avec la concurrence de Uber, Lyft, WayMo et sans doute d’autres.
  • C’est également miser sur les agglomérations, qui commencent à prendre conscience de l’impact négatif des VTC sur les embouteillages et la pollution, pour accepter que des millions de robots taxis circulent en toute liberté.

 

NVIDIA a répondu à Tesla, rappelant que les performances de Xavier s’élevaient à 30 TOPS (trillions d’opérations par seconde), et non 21 comme mentionné par Tesla. Une comparaison plus juste serait entre les 144 TOPS de la « meilleure puce du monde de Tesla » et les 320 TOPS de NVIDIA Drive AGX Pegasus.