Interprétation libre du logo Libra

Une commission sénatoriale américaine va enquêter sur Libra de Facebook

Facebook a dévoilé un plan pour un nouveau système financier global sur la base d’une cryptomonnaie nommée Libra, qui ambitionne de rivaliser à terme avec le dollar.

Libra pourrait être lancée dès l’an prochain. Il s’agit d’une stablecoin, c’est-à-dire une monnaie virtuelle qui est adossée à un panier de devises et d’outils financiers reconnus et soutenus par des états, ce qui cantonnerait sa volatilité dans une plage de valeurs plus raisonnable que la plupart des cryptomonnaies actuelles.

Libra serait soutenue par des grands groupes financiers comme Visa et Paypal. Son intérêt serait de pouvoir envoyer de l’argent sans passer par les banques, ce qui réduirait les frais financiers.

Une promesse qui nous semble illusoire, PayPal et Visa étant des intermédiaires financiers peu réputés pour le montant de leurs commissions.

D’après son site, Libra vise en particulier les personnes qui n’ont pas de compte en banque, qui représenteraient un tiers de la population.

En toute modestie, Facebook affirme réinventer la monnaie, transformer l’économie globale et permettre aux gens de vivre des vies meilleures.

On se rappellera que Mark Zuckerberg, son CEO, affirme sans sourciller qu’il va éradiquer une fois pour toutes, toutes les maladies en cent ans, avec un budget ridicule de 3 milliards sur 10 ans…

On constatera que Facebook n’a rien inventé, et surtout pas le réseau social, une idée que Zuckerberg a volé à d’autres étudiants.

Facebook n’a ni inventé la cryptomonnaie, ni la chaîne de blocs qui la sous-tend.

Ses antécédents désastreux en matière de violation de la vie privée des gens et de l’exploitation et de la commercialisation illégale des données personnelles, on ne peut en aucun cas soutenir cette initiative.

Même si Facebook était une entreprise irréprochable, même si ses partenaires comme Uber n’avaient pas prouvé année après année leur absence totale d’éthique, pourrait on laisser entre les mains d’une entreprise qui connaît le graphe de nos connaissances, et qui s’est arrogée l’annuaire téléphonique mondial avec WhatsApp, sans l’autorisation des contacts dans les carnets d’adresse, qui sait déjà qui achète quoi à qui, la connaissance supplémentaire et le contrôle de tous nos flux financiers ?

On espère que les États ne renonceront pas à l’une de leurs prérogatives fondamentales – le contrôle de leur monnaie – et qu’ils en profiteront pour faciliter le cas échéant l’accès à un compte en banque à un coût raisonnable.

Facebook mentionne des coûts supérieurs de 4$ par mois d’accès aux liquidités pour ceux qui n’ont pas de compte en banque, ainsi que les frais de virements internationaux – deux sources de coûts que l’on pourrait facilement diminuer sans avoir besoin de refaire le monde.

On est rassuré d’apprendre que les sénateurs des États-Unis ont immédiatement exigé une consultation sur Libra avec Facebook.

Et que Bruno Le Maire a indiqué qu’il était hors de question que Libra devienne une monnaie souveraine, dans un entretien sur RTL.