Tesla Model 3
Tesla Model 3

Le cours de l’action de Tesla bondit à l’annonce surprise d’un bénéfice au 3e trimestre 2019

D’une année sur l’autre, le chiffre d’affaires de Tesla au troisième trimestre 2019 diminue de -8 % à 6,3 milliards de dollars (-12 % pour le chiffre d’affaires automobile), et le résultat net chute de -54 % à 143 millions de dollars – respectivement près de 5,6 milliards d’euros et 128 millions d’euros.

Alors que le chiffre d’affaires est largement inférieur aux attentes des analystes financiers, le bénéfice surprend : le consensus visait des pertes de -234 millions de dollars.

Le cours de l’action Tesla s’envole de 20 % à 306 $ avant l’ouverture du NASDAQ.

Durant la conférence téléphonique, Elon Musk prétend que : l’usine de Shanghai est en avance, que le Model Y est en avance, que les installations de panneaux solaires ont augmenté de 48 % par rapport au trimestre précédent, que le trimestre est profitable et que les flux de trésorerie sont positifs.

Notons que cette surprise rappelle étrangement celle du troisième trimestre 2018. Voici les raisons qui nous incitent à la prudence :

  • Même avec un minuscule profit, les résultats restent exécrables, avec un chiffre d’affaires et des bénéfices en baisse, des livraisons de voiture en baisse, la diminution de -22 % des bénéfices de l’activité automobile, et la certitude d’une nouvelle perte annuelle : à la fin de l’année, Tesla n’aura toujours jamais dégagé de profit annuel depuis sa création, soit 17 années ininterrompues de pertes ;
  • Par rapport au trimestre précédent, le prix de vente moyen de ses voitures a baissé de 1 180 $, et pourtant leur coût a diminué de 2 110 $ ;
  • Les crédits publics « zéro émission » représentent plus de 90 % du bénéfice ;
  • Pré-augmentation du cours de l’action, la capitalisation boursière de Tesla s’élève à 46 milliards de dollars, soit 422 fois le résultat net estimé pour 2020. Un multiplicateur que l’on n’avait plus vu depuis la bulle internet ;
  • Alors que son chiffre d’affaires a diminué par rapport au 2e trimestre, son bénéfice avant impôt bondit soudainement de 550 millions de dollars, dont un quart grâce aux « autres revenus », un quart grâce à des charges de restructuration qui passent à zéro, des frais généraux qui atteignent leur plus bas niveau depuis le 2e trimestre 2017, quand l’entreprise produisait 4 fois moins de voitures ;
  • Les dépenses en capital sont amputées de 225 millions de dollars par rapport aux prévisions, ce qui explique déjà 61 % des flux positifs de trésorerie. Ce qui est d’autant plus étonnant que Tesla est censé être propriétaire de son usine en Chine ;
  • Les créances augmentent de 300 millions de dollars, et la dette nette augmente du même montant que les flux positifs de trésorerie ;
  • Les charges à payer diminuent de 100 millions de dollars alors que Tesla doit comptabiliser une augmentation de réserve de garanties pour 97 000 nouveaux véhicules;
  • La première voiture était supposée sortir de l’usine de Shanghai le 14 octobre 2019 ;
  • Le Model Y n’existe pas, c’est toujours un projet ;
  • Tesla n’a pas les moyens d’ouvrir une usine en Europe, et il serait étonnant que son financement lui soit entièrement avancé par des fonds publics comme en Chine ;
  • Concernant la hausse de vente de panneaux solaires : Musk compare avec le 2e trimestre, le pire de toute son histoire. Comparées aux ventes du 4e trimestre 2015, elles chutent de -85 %;
  • Conformément à ses habitudes, Tesla ne publie pas le formulaire boursier 10-Q en même temps que sa lettre aux investisseurs, des surprises s’y trouveront certainement.