Tesla : microbénéfice créatif au 1er trimestre 2020

Le chiffre d’affaires de Tesla au premier trimestre 2020 augmente, en glissement annuel, de 32 % à 5,98 milliards de dollars (5,50 milliards d’euros), et son résultat net atteint 16 millions de dollars (14,7 millions d’euros), en baisse de 85 % sur le trimestre précédent, mais contre une perte il y a un an.

Un résultat salué par une hausse de son action de 8,5 % à 800 $ avant l’ouverture du NASDAQ. Une capitalisation boursière stratosphérique quelle que soit la métrique choisie et qui est supérieure à celle de Ford + GM + FCA, alors que ces derniers génèrent des profits annuels, ce qui n’est jamais arrivé à Tesla en 17 ans, et produisent bien plus de voitures.

Tesla a vendu 88 496 voitures, soit 40 % de plus qu’il y a un an, mais 21 % de moins qu’au trimestre précédent. L’entreprise a pour objectif de vendre au moins 500 000 voitures en 2020.

42 % des ventes de Models S/X s’effectuent en crédit-bail, et le pourcentage pour les Model 3/Y est tout simplement inconnu.

Sans les « crédits environnementaux », d’un montant extraordinairement élevé de 354 millions de dollars, en hausse de 166 % sur le trimestre précédent, sans doute grâce à un accord avec FCA, la perte de Tesla se serait élevée à 338 millions de dollars.

Ce trimestre encore, on est ébloui par la créativité de la comptabilité :

– Tesla a une nouvelle usine en Chine, sans aucun impact sur les dépenses en capital ni les dépenses d’exploitation ;

– Son formulaire boursier 10-Q ne comporte pas un segment pour la Chine, en violation des exigences réglementaires ;

– Alors que ses voitures sont payées avant d’être livrées, les comptes clients s’élèvent à 1,274 milliard de dollars ;

– Tesla vient de lancer un nouveau véhicule électrique, le Model Y, et travaille sur de nouveaux modèles comme le Cybertruck, ainsi que le Telsa Semi et le Roadster, qui ont des années de retard ; et pourtant, le budget R & D est en diminution continuelle ;

– Tesla a vendu tellement de Model Y qu’elle refuse d’en dévoiler la quantité ;

– Alors que Tesla affirme que la production est le facteur limitant de ses ventes, son inventaire atteint le niveau record de 4,49 milliards de dollars ;

– Malgré une (nouvelle) augmentation de capital de 2 milliards de dollars ce trimestre, ses comptes fournisseurs atteignent le niveau record de 3,97 milliards de dollars.

– Tesla provisionne 119 millions de dollars au premier trimestre pour les garanties, et pourtant le passif au titre des garanties n’augmente que de 41 millions de dollars, malgré 88 500 voitures en plus.

Le formulaire 10-K/A est également historique : l’entreprise annonce qu’elle ne prend plus d’assurance pour ses directeurs – les mieux rémunérés, de très loin, de toutes les entreprises cotées aux États-Unis ; Ces derniers ont coûté aux assurances des dizaines de millions de dollars pour couvrir un accord sur l’un des procès contre eux ; La prime d’assurance a donc bondi.

C’est donc Elon Musk qui jouera le rôle d’assureur de ses directeurs, une mesure inédite dans l’histoire économique des États-Unis, et un pied de nez aux concepts de gouvernance d’entreprise et d’indépendance des directeurs.

Enfin, notons que Elon Musk, CEO de Tesla, qui se fait remarquer depuis plus d’un moi sur des prises de position sur le COVID-19 raillées par les médecins, et qui affirme lors de la conférence téléphonique que les politiques de confinement sont fascistes, qui a déjà reçu 2,28 milliards de rémunération en 2018, est en passe d’obtenir la rémunération la plus élevée jamais conférée à un dirigeant d’entreprise, le montant de sa rémunération étant uniquement lié au cours moyen de l’action de Tesl.

Alors que Tesla est déficitaire depuis 17 ans, malgré plus de 18,5 milliards de dollars de financements, sans compter les nombreuses largesses publiques, des crédits environnementaux aux usines à 1 milliard de dollars livrées gratuitement.