Le Groupe des cinq, le Japon et l’Inde appellent les entreprises de technologies à intégrer des portes dérobées par défaut

Le Groupe des cinq (Five Eyes), l’alliance des services de renseignement de l’Australie, du Canada, de la Nouvelle-Zélande, du Royaume-Uni et des États-Unis, ainsi que le Japon et l’Inde ont publié un communiqué commun, dans lequel ils appellent les entreprises de technologie à :

  • Intégrer la sécurité du public dans les conceptions des systèmes, permettant ainsi aux entreprises d’agir efficacement contre le contenu et l’activité illégaux sans réduction de la sécurité, et faciliter l’enquête et la poursuite des infractions et protéger les personnes vulnérables ;
  • Permettre aux forces de l’ordre d’accéder au contenu dans un format lisible et utilisable où une autorisation est légalement délivrée, est nécessaire et proportionnée, et est soumise à de solides garanties et à une surveillance ;
  • Participer à des consultations avec les gouvernements et d’autres intervenants afin de faciliter l’accès juridique d’une manière qui est substantielle et qui influence véritablement les décisions en matière de conception.

En d’autres termes, ils exigent que les entreprises de technologies intègrent par défaut des portes dérobées dans leurs produits et services.

Il s’agirait de lutter contre le chiffrement de bout en bout, qui empêcherait les forces de l’ordre d’obtenir un accès aux contenus « dans des circonstances limitées, nécessaires et proportionnées, afin d’enquêter sur des crimes sérieux et protéger la défense nationale quand elles en ont l’autorité légale. » ; Et qui empêche la capacité même des entreprises à identifier et répondre à des violations de leurs conditions d’utilisation.

Comme d’habitude, les épouvantails de la pédophilie, du terrorisme et des crimes violents sont mentionnés.

Pour les spécialistes, le débat a déjà été tranché depuis longtemps : il faut faire avec les cas où le chiffrement rend les choses plus complexes pour les forces de l’ordre, car l’alternative des portes dérobées, est pire : elles pourraient être exploitées par des pirates, terroristes, criminels et organisations menaçant la défense nationale, abusées par des politiciens et des fonctionnaires.

En suivant la logique des agences de renseignement, il faudrait introduire des portes dérobées dans les systèmes militaires, des agences de renseignement, des forces de l’ordre et des politiciens, chacun pouvant cacher des criminels, voir des traites à la solde de « l’ennemi » .

Par ailleurs, ce rêve de contrôle absolu n’est pas réalisable : rien n’empêche deux personnes de partager à l’avance deux clés de chiffrement. En se mettant d’accord sur un ou deux livres et la ligne de départ, leurs conversations seront indéchiffrables.

Notons à nouveau l’extrême hypocrisie des États-Unis, qui d’une part mène une campagne de destruction de Huawei, l’accusant depuis des années, sans la moindre esquisse de preuve, d’avoir introduit des portes dérobées dans ses équipements pour télécoms, et d’espionner pour le compte de la Chine ; et d’autre part souhaite bénéficier de portes dérobées universelles dans tous les matériels et services.

Et souvenons nous dans quel pays éclatèrent ces dernières années les plus graves scandales de surveillance de masse.

Las, il nous semble que l’attitude française est strictement la même, chaque attaque terroriste débouchant sur des limitations supplémentaires de la vie privée des Français, et des pouvoirs d’espionnage additionnels pour les politiciens et fonctionnaires.