Illustration: BEUC

Le BEUC dépose une plainte contre TikTok pour de multiples infractions au droit des consommateurs européens

Le Bureau Européen des Unions de Consommateurs (BEUC) dépose une plainte à la Commission européenne et le réseau des autorités de protection des consommateurs contre TikTok, la plateforme favorite de partage de courtes vidéos des enfants et des adolescents.

En plus de cette plainte, des organisations de protection du consommateur de 15 États membres ont alerté leurs autorités.

Sont reprochés à TikTok :

  • Des conditions d’utilisation injustes. Elles seraient peu claires, ambiguës, et favoriseraient TikTok au détriment de ses utilisateurs. Ses conditions de droit d’auteur seraient tout aussi injustes, puisqu’elles donnent à TikTok un droit irrévocable d’utiliser, distribuer et reproduire les vidéos publiées par les utilisateurs, sans rémunération.
    Ce qui est vrai, mais l’est tout autant pour Instagram et Facebook, et sans doute de nombreux autres réseaux sociaux. Par ailleurs, YouTube invente chaque jour de nouveaux moyens de ne pas rémunérer les créateurs de contenus, sans que cela ne semble chagriner le BEUC ;
  • La possibilité d’utiliser une monnaie virtuelle, que l’on peut dépenser pour faire des cadeaux virtuels : la politique d’objets virtuels serait injuste, puisque TikTok se réserve le droit de modifier le taux de change entre les pièces et les cadeaux à tout moment, ce qu’elle pourrait utiliser à son avantage.
    TikTok, n’est de loin pas la seule entreprise à utiliser ces monnaies virtuelles. De notre point de vue, elles devraient être purement et simplement interdites universellement, rien n’empêchant aux utilisateurs de faire des dons en espèces de monnaies réelles ;
  • TikTok ne protégerait pas les enfants et les adolescents de publicités cachées et de contenus potentiellement dangereux.
    Là encore, ce n’est pas un problème spécifique à TikTok. Tous les réseaux sociaux ont des employés dont la seule mission est de contrôler les contenus. Sur TikTok, les contenus les plus suggestifs sont du reste publiés par des personnes toutes aussi jeunes : la responsabilité des parents doit aussi être mise en cause, nous semble-t-il ;
  • Les pratiques de TikTok concernant le traitement des données personnelles seraient trompeuses ; TikTok n’informerait pas clairement ses utilisateurs, en particulier d’une manière compréhensive à des enfants et des adolescents, sur quelles données personnelles sont collectées, pour quels buts.
    Quand on constate que la plupart des adultes ne comprennent pas, et se moquent éperdument, de l’exploitation de leurs données personnelles et de leur vie privée, du moment que le service est gratuit, quelles chances a-t-on d’obtenir un meilleur résultat avec des enfants et des adolescents?

Dans l’ensemble, il nous semble donc que les inquiétudes, les limites, voire les infractions aux réglementations sur la protection des consommateurs, ne sont en rien spécifiques à TikTok. Il serait plus productif de les étudier au regard de tous les grands réseaux sociaux, et notamment Facebook, Instagram et YouTube.

Quand aux questionnements sur les limitations liées à l’âge, avant/après 13 ans, 18 ans, voire 16 ans, elles sont universelles.

Il ne nous semble pas acceptable, et d’ailleurs assez dangereux, de devoir entrer des informations de cartes de crédit afin de justifier de sa maturité.

Idéalement, c’est l’Union européenne, ou chaque État membre, qui fournirait un service de vérification de l’âge. À défaut, les parents devraient être responsables des déclarations d’âges de leurs enfants mineurs.