L’autorité de la concurrence sanctionne Google pour abus de position dominante dans la publicité numérique

Saisie par News Corp INC, le groupe Le Figaro et le groupe Rossel La Voix, l’Autorité de la concurrence sanctionne aujourd’hui Google de 200 millions d’euros pour abus de position dominante sur le marché de la publicité numérique, en favorisant ses propres services pour des tiers de vente d’espaces publicitaires et d’enchères d’inventaires publicitaires auprès des annonceurs, au détriment de ses concurrents et des éditeurs.

Ces pratiques ont eu des effets importants sur ce marché encore émergent à forte croissance, en limitant en particulier, l’attractivité des serveurs publicitaires et des SSP (supply side platform, plateforme du côté de l’offre) tierces du point de vue des éditeurs, et ont permis à Google d’accroître sensiblement sa part de marché et ses revenus déjà très élevés.

De plus, ces pratiques n’ont pas seulement affecté uniquement les concurrents, mais les éditeurs, en particulier la presse, ont été privés de la possibilité de faire jouer pleinement la concurrence entre les différentes SSP.

Google n’a pas contesté les faits et a bénéficié de la procédure dite de transaction.

Google a proposé des engagements pour améliorer l’interopérabilité des services Google Ad Manager avec les solutions tierces de serveur publicitaire et de plateforme de mise en vente d’espaces publicitaires ; et mettre un terme aux dispositions qui la favorisaient.

Sur son blogue, Google laisse entendre que ces changements affecteront toute l’Europe, voire plus.

L’Autorité a accepté ces engagements, qui deviennent obligatoires, mais pour trois ans seulement, et sous le contrôle d’un mandataire « indépendant » mais choisi et rémunéré par Google.

De la même façon que les arbitres prennent, étonnamment (?) le plus souvent le côté des entreprises, qui les rémunèrent arbitrage après arbitrage, plutôt que celui des employés qu’ils ne verront qu’une fois, dans quelle mesure peut-on s’attendre à un mandataire exigeant avec Google ?

Vu que l’Autorité a déjà sanctionné Google dans trois affaires différentes, on est en droit d’attendre que Google comprenne ce qui constitue un abus de position dominante. On peut se demander si cette décision n’est pas laxiste, une incitation pour Google de continuer à se moquer des lois et des régulations, quitte à payer de temps en temps des amendes ridicules au vu tant de son chiffre d’affaires que de ses bénéfices.