Linus Torvalds reçoit une récompense de l'IEEE à l'ICCE 2018
Linus Torvalds reçoit une récompense de l'IEEE à l'ICCE 2018

Linux fête ses 30 ans

Le 25 août 1991, un étudiant finlandais de l’Université d’Helsinki, nommé Linus Benedict Torvalds, envoya un message sur le groupe de discussion comp.os.minix, pour obtenir des suggestions sur le système d’exploitation de type Unix qu’il développait dans ses loisirs.

Trente ans après, Linux est presque partout : 3 milliards de téléphones en circulation (Android est basé sur Linux), tous les superordinateurs du monde, et la plupart des serveurs, sans compter les objets connectés. Même dans Azure, le nuage de Microsoft, plus de la moitié des machines virtuelles tournent sous Linux, depuis plusieurs années.

Seul échec : l’ordinateur personnel, où Linux détient, au mieux, 2 % de parts de marché. Ce qui s’explique par une installation relativement compliquée, un manque de pilotes matériels, un fractionnement de l’écosystème, des myriades de « distributions » au soutien du monolithique System-D, en passant par des interfaces graphiques incompatibles.

Le succès de Linux est principalement à mettre sur le compte de sa licence, GPLv2, autorisant la copie (gratuite), la distribution (gratuite) et l’obligation de partager les améliorations selon la même licence. Malheureusement ce n’est pas toujours le cas, et nombre d’entreprises qui ont fait fortune grâce à Linux et les logiciels libres, se moquent du monde, car elles savent qu’elles ne risquent pas grand-chose.

Cette licence fut choisie par Torvals en réaction à celle de Minix : ce système d’exploitation était conçu pour l’éducation, mais, pour lui, il était trop cher pour y parvenir.

IBM fut l’entreprise qui contribua le plus à l’adoption par le monde des affaires de Linux. Incapable d’imposer des concurrents à Windows et Windows NT, ne souhaitant plus investir dans son propre Unix, Lou Gerstner, son CEO d’alors, annonça en 2000 un investissement de 1 milliard de dollars dans l’écosystème Linux.

Un pari largement récompensé, IBM vendant des services d’installation, de maintenance, de soutien technique, de conseil et de développement pour ce système d’exploitation.

Ce qui est remarquable, c’est que Torvalds, trente ans après, contrôle toujours le noyau de Linux. Et ce, malgré un style de gestion et une propension à insulter, qui ont dégouté de nombreux contributeurs. Son intransigeance à refuser du code bogué, inutile ou farfelu, a payé.

Aujourd’hui, Google critique l’insécurité de Linux. L’entreprise, qui engrange près de 20 milliards de bénéfices chaque trimestre, qui fait tourner gratuitement ses millions de serveurs sous Linux depuis 20 ans, ne paie que quelques ingénieurs logiciels pour l’améliorer.