OnlyFans

OnlyFans revient à la raison et à la pornographie

Comme avec chaque avancée technologique, la pornographie s’est développée avec internet.

Aujourd’hui, de très nombreux sites classés X vivent principalement de la publicité, et nombre d’acteurs n’y trouvent plus leur compte financièrement. Une évolution qui ne touche pas uniquement cette industrie, mais la plupart des industries de contenus, de la presse à la littérature, des films aux divertissements.

La seule industrie numérique en forte croissance pour les créateurs, est la diffusion en ligne, en particulier Twitch, où ces derniers reçoivent une partie des revenus publicitaires de la plateforme, ainsi que des abonnements payants optionnels, des dons des téléspectateurs, des contrats avec des sponsors, et du marchandisage.

Comme la nudité et les contenus sexuels sont interdits sur Twitch, une entreprise nommée OnlyFans, lancée en 2016, s’est créé en cinq ans une niche extraordinairement rentable en comblant ce vide.

La pandémie et les politiques de confinement ont multiplié par 5,5 son chiffre d’affaires en 2020, pour atteindre près de 400 millions de dollars (326 millions d’euros). Et pourtant, à cause de ses contenus, la plateforme n’existe que sur le web : elle ne peut les proposer ni sur iOS, ni sur Android.

Tous les contenus légaux sont acceptés. Le service est devenu une source principale de revenus pour les actrices et les acteurs du X, grâce aux abonnements payants et aux dons. C’est la plateforme sociale qui leur permet d’entretenir une relation avec les fans.

Même si la plateforme héberge aussi des créateurs d’autres horizons (cinéma, musique, etc.), il est clair pour tout visiteur quel est son fonds de commerce.

Elle ne garde que 20 % des revenus, ce qui est plutôt bas pour ce type de plateforme. Elle compte 2 millions de créateurs et 130 millions de clients.

Le 19 août, l’entreprise a pourtant tourné le dos à ceux qui ont fait sa fortune, en annonçant qu’au premier octobre, la pornographie, et même tous les contenus à caractère sexuel, ne seraient plus tolérés sur la plateforme.

Au prétexte que les plateformes de paiement l’exigeraient.

Une excuse déraisonnable : comment expliquer que des millions de sites pornographiques, des milliers de boutiques de jeux sexuels, ne rencontrent aucune difficulté pour trouver un prestataire de paiement en ligne ?

Non seulement OnlyFans s’est aliéné ses créateurs de contenus, qui se sont sentis trahis, et sans alternative dans l’immédiat, mais tout le monde, sauf la direction d’OnlyFans, a compris ce qui allait se passer : un effondrement des ventes et un exode des créateurs et des clients.

Ce n’est qu’aujourd’hui que l’entreprise annonce qu’elle suspend le changement de politique du 1er octobre, et que tous les créateurs sont bienvenus.

Il est peut-être trop tard : la décision incompréhensible a motivé les jeunes pousses qui lancent, ou font connaître leurs plateformes alternatives, comme Just For Fans. Elle deviendra sans doute un cas d’école de gestion.