Twitter suspend les comptes de journalistes

Le réseau social a suspendu les comptes de plusieurs journalistes en vue, dont le seul point commun est qu’ils couvrent Twitter et son nouveau patron, Elon Musk : Matt Binder de Mashable, Drew Harwell du Washington Post , Steve Herman de Voice of America, Micah Lee de The Intercept, Ryan Mac du New York Times, Donnie O’Sullivan de CNN, et Keith Olbermann, Aaron Rupar et Tony Webster, journalistes indépendants.

Une décision arbitraire derrière laquelle il semble difficile de déceler une autre volonté que celle de revanche du milliardaire, et qui n’est pas conciliable avec les législations gouvernant les grandes plateformes numériques, américaines comme européennes.

Le compte de Mastondon, principale alternative ouverte à Twitter, a également été suspendu.

Cette vague de suspension intervient quelques heures après celle du compte @ElonJet, qu’un Musk à fleur de peau cherche à détruire depuis un an.

Sa justification : le « doxxing », i.e. la révélation d’informations confidentielles, qui mettraient sa sécurité personnelle en danger. Un mensonge éhonté, puisque ce compte ne fait que disséminer des informations de vols publiquement disponibles.

Musk s’est encore humilé après avoir organisé une réunion virtuelle sur Twitter Space pour tenter de se justifier devant 30 000 auditeurs. Quelques-uns des journalistes dont les comptes ont été suspendus ont trouvé le moyen de s’inviter, et ont exigé des explications.

Ne pouvant se justifier, il hasarde un « Tu révèles des informations, tu es suspendu. Fin de l’histoire. » Avant de quitter brutalement la réunion, l’annuler immédiatement, et pour bonne mesure toutes les Twitter Spaces en même temps.

Il affirmera plus tard que ces coupures inopportunes et simultanées sont le fruit d’un bogue du système hérité.

Alors que les autorités européennes et américaines se sont déjà émues publiquement du devenir du réseau social, et de sa capacité à respecter les obligations qui lui incombent, notamment de faire respecter la liberté d’expression et de ne pas laisser diffuser de fausses nouvelles ou d’incitations à la haine, le milliardaire sembles le narguer, comme il chahuta la U.S. SEC, le régulateur américain des marchés financiers, il y a quelques années, après avoir plaidé coupable d’avoir menti à ses investisseurs sur le supposé financement assuré d’une privatisation de Tesla.

Constructeur automobile dont le cours de l’action continue de s’effondrer, alors que Musk semble consacrer tout son temps à décimer les effectifs de Twitter.