La hausse des ventes de musique en 2015 ne profite pas aux musiciens

La Fédération internationale de l’industrie phonographique (IFPI) vient de publier en anglais son rapport global 2016 sur la musique.

En 2015, l’industrie de la musique franchit un jalon : les revenus en ligne (téléchargements et diffusions en flux), avec 45 % du total, dépassent pour la première fois les revenus des ventes sur supports physiques (CD, vinyle et autres).

La hausse spectaculaire de 45,2 % des revenus de la diffusion de musique en flux continus à 2,9 milliards de dollars (2,6 milliards d’euros) est largement responsable de l’augmentation de 3,2 % du chiffre d’affaires de l’industrie à 15 milliards de dollars (13,5 milliards d’euros).

Avec sa progression soutenue, la diffusion en flux constitue désormais 19 % de l’industrie, et 43 % des revenus en ligne. Elle devrait bientôt dépasser les téléchargements, qui représentent 45 % des revenus en ligne. Notons qu’aux États-Unis, ce dépassement s’est effectué pour la première fois en 2015.

Le nombre d’abonnés payant aux services de streaming a bondi de 8 millions en 2010 à 41 millions en 2014 et 68 millions en 2015.

Les revenus des représentations sont en hausse de 4,4 % à 2,1 milliards de dollars (1,9 milliard d’euros), soit 14 % des revenus de l’industrie, contre 10 % en 2011.

La baisse des revenus des supports physiques ralentit à 4,5 %, contre 8,5 % un an auparavant. Ils jouent toujours un rôle prépondérant dans certains marchés, notamment au Japon où ils représentent 75 % des ventes, 60 % en Allemagne et  42 % en France.

L’industrie n’avait pas connu pareille croissance depuis vingt ans. Pour autant, l’IFPI hésite à la qualifier de reprise, en mentionnant le fossé des revenus : les artistes et les maisons de disques ne reçoivent pas une juste rétribution pour leur travail, alors que la consommation de musique atteint un niveau record.

Ce fossé est causé par l’utilisation abusive des accords ‘safe harbour’ dont le but originel était de protéger les intermédiaires en ligne passifs contre la responsabilité sur les droits d’auteur.

De nombreuses plateformes numériques abusent ces accords pour oublier de conclure des accords de licences, ou pour les conclure à des taux artificiellement bas. Ce qui distord la concurrence et prive les artistes et les maisons de disques des justes revenus de leur travail.

900 millions de personnes utilisent ces plateformes abusives, alors que la totalité des revenus issus de la publicité se monte à 634 millions de dollars (571 millions d’euros), soit seulement 4 % des revenus de l’industrie.

À contraster avec plus de deux milliards de dollars de revenus produits par les 68 millions d’abonnés à des services payant.

La Commission européenne est consciente du problème, et se penche sur une nouvelle législation.