La loi de Moore a 50 ans

En 1965, Gordon Moore, alors directeur de la recherche et du développement de Fairchild Semiconducteur, avait accepté d’écrire un article pour le 35e anniversaire de l’Electronics Magazine. Ce dernier lui avait demandé de prédire la prochaine décennie de l’industrie naissante des semi-conducteurs.

Analysant  les réalisations, il remarquait que la complexité des circuits intégrés depuis leur invention en 1959 avait doublé chaque année à coût constant. Il extrapolait alors que le nombre de composants des circuits intégrés allait continuer de doubler chaque année pendant les dix années qui suivraient. Dans l’article il écrivait: *

« La complexité des composants de coût minimal a augmenté à un rythme d’un facteur de deux par an environ. Certainement à court terme ce taux est susceptible de continuer, voire d’augmenter. À plus long terme, le taux d’augmentation est un peu plus incertain, bien qu’il n’y ait aucune raison de croire qu’il ne restera pas presque constante pendant au moins 10 ans. »

Cette prédiction avait pour conséquence que les circuits intégrés allaient devenir moins chers à produire que les composants discrets constitués de plusieurs éléments différents, et rendre l’électronique plus abordable, ce qui n’était pas évident à l’époque. Elle fut remarquablement précise et dix ans après, elle fut nommée ‘Loi de Moore’ par Carver Mead, un professeur du California Institute of Technology. Idéalement, on aurait dû l’appeler conjecture de Moore.

En 1968 Gordon Moore cofondait Intel avec Robert Noyce et Andrew Grove.

En 1971 Intel inventait le microprocesseur et en 1975, Moore réévaluait sa prédiction en posant que le nombre de transistors d’un microprocesseur sur une puce de silicium doublerait tous les deux ans.

La loi de Moore devint alors dans l’industrie de l’électronique un étalon pour mesurer l’avance technologique : pour rester à la pointe du progrès, il faut suivre la loi, et donc trouver des moyens toujours plus complexes afin de diminuer la taille des transistors et d’accroître leur densité dans les puces.

Cinquante ans plus tard, la loi de Moore se vérifie toujours, testament de l’ingéniosité humaine et de sa capacité à surmonter les difficultés de la miniaturisation, de trouver de nouveaux procédés de production à mesure que l’on approche des limites physiques du silicium. Entre 1971 et 2001, la densité des transistors a doublé chaque 1,96 année.

La loi de Moore est probablement la loi empirique la plus connue. Elle est deux fois plus citée que la loi de Murphy (loi de l’emmerdement maximum).

Aujourd’hui, les processeurs d’Intel sont produits avec une finesse de gravure de 14 nm.

 

 

* Traductions: Le Diligent