Stratégie numérique pour la France

Le Premier ministre Manuel Valls a présenté hier à la Gaité Lyrique, avec le ministre de l’Économie Emmanuel Macron et la secrétaire d’État au numérique Axelle Lemaire, la stratégie numérique du gouvernement, qui devrait déboucher à l’automne sur une grande loi sur le numérique.

Une stratégie relativement floue (« le numérique est partout ») qui fait la part belle au recyclage de mesures déjà existantes, et qui débouche sur peu de mesures concrètes.

On pourrait s’étonner que le Premier ministre, avec sa nouvelle loi sur le renseignement qui renforce plus que jamais le pouvoir de l’exécutif, parle d’un « avant et un après Snowden » en guise d’introduction.

Deux thèmes ressortent de la stratégie : la communication en lieu et place de mesures et la volonté de court-circuiter Bruxelles.

Communication

Start-up

Plutôt que de proposer des mesures d’aide concrètes comme des allégements fiscaux ou des simplifications administratives, Lemaire souhaite « montrer que la France est un pays attractif, que nous y innovons, que nos entreprises décrochent des contrats » en invitant des fonds d’investissement américains à l’automne, et en faisant « venir à Paris les start-up les plus emblématiques de tout le territoire, afin qu’elles montrent aux investisseurs le niveau et la qualité de ce qu’elles font ».

Bercy écrira en outre un guide de bonnes pratiques à l’usage des grands groupes afin d’apprendre à travailler avec les start-up.

Éducation

Le gouvernement va labelliser une cinquantaine de formations aux métiers du numérique.

Court-circuiter Bruxelles

Sur les thèmes en cours d’analyse au plan Européen, le gouvernement souhaite passer des lois en France avant les futures législations européennes, et influencer ces dernières.

Sur la neutralité du Net où Lemaire souhaite faire voter une loi qui laisse la possibilité de l’innovation avant un décision de Bruxelles, et sur la rédaction d’une charte des droits du citoyen et du numérique, qui garantirait un droit au maintien de la connexion pour les plus modestes.

Avant l’entrée en vigueur du règlement européen en 2018, le gouvernement veut faire passer une loi française sur l’encadrement des données personnelles détenues par les grands groupes comme Facebook ou Google.

Le gouvernement veut aussi créer la notion de données d’intérêt général : les acteurs de secteurs clés comme les transports, la santé, l’énergie ou le tourisme seraient forcés de donner un accès libre à certaines données pour faciliter l’innovation.

 

Mesures concrètes

Emploi Store

Sous l’égide de Pôle emploi, de nouveaux services seront disponibles dès juillet 2015 sur la plateforme Emploi Store: MOOC (formation en ligne à grande échelle), Serious game, e-learning, applications mobiles…

« Pôle emploi souhaite mettre à disposition les données du marché du travail pour évaluer les compétences, poser un diagnostic, créer une application dédiée à un secteur d’activité spécifique, Toutes les perspectives ne sont pas encore connues, mais c’est la logique que Pôle emploi souhaite promouvoir ».

État Plateforme

Le gouvernement propose à toute administration centrale, collectivité, opérateur public, fournisseur des services publics à l’usager, hébergeur de données administratives de « devenir acteur de l’État plateforme », pour coordonner les services publics avec un portail unique.

Le pilier unique de cette plateforme est pour l’instant France Connect, qui deviendrait le tiers de confiance obligatoire, et gérerait l’authentification unique (Single Sign On).

Une mesure qui permettrait de s’authentifier avec toutes les administrations de manière simple et unifiée, mais qui n’est pas sans sérieuses répercussions sur la sécurité et la protection de la vie privée.

Dans un deuxième temps, des interfaces de programmation seraient mises à disposition (d’on ne sait pas qui) pour développer de nouveaux systèmes informatiques en interrogeant les bases de données de l’État et en interagissant avec ses systèmes.